Alors que Bercy avait annoncé ne pas prolonger l’autorisation d’utiliser ses tickets restaurant sur des produits alimentaires non directement consommables, le Gouvernement a annoncé faire marche arrière face à la polémique que cette annonce avait suscitée. Une preuve que le Gouvernement n’avait aucune volonté politique derrière cette décision et qu’elle n’était nullement justifiée.
Les tickets restaurant non restreints en 2024 : ça s’en va et ça revient
C’est l’annonce faite par Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme au JT de M6 ce 14 novembre. « Encore » : les titres-restaurant vont pouvoir être utilisés pour acheter des produits alimentaires non directement consommables en supermarchés, et ce, durant toute l’année 2024.
Si ce n’était pas l’idée de Renaissance comme elle le reconnaît, mais d’une sénatrice, Olivia Grégoire le reconnaît : « c’était une bonne idée ». Bref, un sacré retour en arrière puisqu’il y a quelques jours, le ministère de l’Économie indiquait que la mesure provisoire allait s’arrêter comme prévu au 1er janvier 2024. En vérité, c’est aussi une belle bourde, Bercy a reconnu auprès du Parisien qu’il ne trouvait pas de « véhicule législatif pour prolonger cette mesure ». Pourtant, le Gouvernement Borne a l’air de bien connaître un certain article de la Constitution, nommé « 49.3 » pour faire passer quelques jolies lois bien senties. D’ailleurs, on ne sait même pas comment le ministère de l’Économie va éviter d’utiliser un « cavalier législatif » (interdit par la Constitution, oups) : il n’a tout simplement pas donné d’explication.
Une période d’inflation : la pire pour restreindre les droits des salariés
Olivia Grégoire le reconnaît également : c’est une bonne idée, dans un contexte inflationniste important. D’ailleurs, on apprenait il y a quelques jours que l’inflation cumulée depuis janvier 2022 était de près de 18%. Le tout avec des salaires, qui n’ont pas augmenté en conséquence d’un point de vue global.
Alors certes, la ministre a fait miroiter le fait que l’inflation diminue, du moins se stabilise, mais cela ne veut pas dire pour autant que les fameux « prix » vont diminuer. Alors même que les salaires ne vont pas augmenter. C’est sa « justification » pour indiquer que la mesure ne sera prolongée (pour l’instant) qu’en 2024. La mesure « pansement » pour le Gouvernement serait de faire voter une loi pour avancer les dates de fin de négociations entre producteurs et distributeurs. Pensons néanmoins aux restaurateurs : les syndicats disent qu’ils sont lésés depuis la mise en place de cette possibilité en août 2022.
Et la santé publique, dans tout ça ?
La liste des aliments éligibles à titre dérogatoire de la Commission Nationale des Titres Restaurant semble assez claire : les produits autorisés sont relativement sains et pas nécessairement transformés. Pâtes, riz, légumes, fruits, surgelés, conserves, beurre, crème fraîche, eau, etc. Et d’un autre côté, supprimer la possibilité d’acheter ces produits, c’est augmenter la proportion de produits pas forcément sains.
Acheter un sandwich triangle tous les midis, ou aller à la boulangerie du coin, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus sain. Contrairement à il y a quelques dizaines d’années, la consommation alimentaire des Français est devenue bien plus céréalière, sans pour autant que ce soit bon pour la santé. Limiter l’utilisation des tickets restaurant, c’est une forme de paternalisme législatif, qui plus est avec environ 40% des titres issus du salaire des travailleurs. De quoi finalement coûter cher à notre Sécurité sociale en soins à cause de la malnutrition encouragée par un système restrictif financé avec l’argent des travailleurs.