ASTÉRIX ET OBÉLIX : L'EMPIRE DU MILIEU

« Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu » : un casting et des gags ne font pas du cinéma

Très attendu, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu fait un bon démarrage au cinéma, en s’aidant d’une franchise très appréciée, d’un ton familial ainsi que d’un casting qui fait rêver. Oui, mais voilà, tous ces éléments réunis ne permettent pas de faire un bon film, et cet opus cinématographique d’Astérix et Obélix ne déroge pas à la règle dans ma critique.

Synopsis de Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu

« Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon.

Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique.

Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine.

Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu… »

Un casting impressionnant, mais qui n’apporte rien

La distribution du film est assez impressionnante, surtout au niveau des « guests » : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel, Jonathan Cohen, Marion Cotillard, José Garcia, Manu Payet, Ramzy Bedia, Bun-Hay Mean, Zlatan Ibrahimovic, Pierre Richard, Philippe Katerine, Jérôme Commandeur, Audrey Lamy, Franck Gastambide, Vincent Desagnat, Orelsan, Laura Felpin, Issa Doumbia, Thomas VDB, Bigflo et Oli, Mcfly et Carlito, Angèle, Matthieu Chedid, Ragnar Le Breton, et Florent Manaudou, entre autres. Faire cette longue liste ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à montrer l’étendue médiatique et culturelle de la distribution du film.

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Le problème, c’est que les différentes apparitions sont souvent anecdotiques et n’apportent rien à l’histoire. Zlatan Ibrahimovic par exemple, n’est là « que pour la blague », il est montré pour être montré et faire quelques gags avec lui. Aussi, Guillaume Canet n’arrive pas à tirer le plein potentiel de ses acteurs, contrairement à Alain Chabat. Jonathan Cohen est sans doute l’un des acteurs français les plus bankables du moment, notamment avec ses séries La Flamme et Le Flambeau qui ont cartonné dernièrement. Jouant Graindemaïs, un personnage relativement bêta et légèrement sournois, il n’arrive pas à se démarquer. On l’entend plusieurs fois faire des réflexions pour réagir à un personnage ou à une action, mais ça n’apporte pas sa touche d’humour, on ne retient pas de punchline comme l’acteur sait si bien les sortir avec son jeu. Quant à Florent Manaudou, la seule raison pour laquelle il est à l’affiche, c’est qu’il est musclé : sur le principe, c’est super drôle, mais c’est dommage de ne même pas avoir appuyé là-dessus. Le jeu d’ailleurs, est un autre souci du casting : certains comédiens ne jouent pas juste ou de façon non-linéaire. Enfin, à force d’intégrer trop d’invités, qui ne jouent pas très bien et qui n’apportent rien au film, dès que l’un d’entre eux apparaît, on le prend pour qui il est et pas pour celui qu’il joue, ce qui nous fait sortir de l’histoire.

Moins qu’un film, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu est une série de gags

Une comédie française humoristique, c’est souvent une histoire ponctuée de gags, mais Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu est une série de gags ponctuée de morceaux d’histoire. En fait, ce long-métrage n’est pas du cinéma : comme a pu le faire Les Nouvelles Aventures d’Aladin, le scénario passe finalement au second plan. Pire, il ne sert même pas les gags.

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D’ailleurs, certains d’entre eux sont référencés : l’un concerne Pierre Richard. Ce dernier, jouant Panoramix, discute avec Obélix et s’enfonce petit à petit dans des sables mouvants. C’est évidemment une référence à La Chèvre ou l’acteur jouait en duo avec Gérard Depardieu. Là où l’hommage est subtil, c’est que Gérard Depardieu a joué à plusieurs reprises… Obélix. Petit aparté, mais Gilles Lellouche apporte de l’épaisseur (sans mauvaise blague) à Obélix, accentuant le côté touchant du personnage de BD. On a aussi le droit à Angèle qui fait une référence à une de ses chansons (de même pour Orelsan), ou encore un placement de produit pour Citroën, usant de son logo récent pour cacher le tout.

Des blagues (pas toutes) bien senties, mais trop rares

Malheureusement, beaucoup de blagues tombent à plat. Nous pourrions revenir sur les jeux de mots et les clichés douteux sur les personnages chinois ou arabes, mais Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu tient apparemment à son statut de comédie française grand public. Comme dit plus tôt, les répliques de Jonathan Cohen ne marquent pas, et beaucoup de blagues non plus, surtout celles en rapport avec les paroles. Toutefois, on a droit à des scènes de combat inégales entre les deux camps, les Gaulois ayant à disposition la potion magique : on se plaît toujours autant à voir les Romains s’envoler haut dans le ciel. Mais globalement, les blagues sont forcées, tombent sous le sens et essentiellement vont très vite : beaucoup de personnes disent avoir trouvé le film long (il dure 1h50 environ, ce qui en fait effectivement un bon morceau pour une comédie française), mais pas moi. En fait, les gags s’enchaînent à une telle vitesse qu’à peine l’un terminé, l’autre démarre.

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Pour autant, on a droit à quelques vannes bien senties et qui mettent l’accent sur un humour plutôt engagé. Il y a par exemple une blague sur un César (la récompense de cinéma) féminin, que les femmes voudraient avoir. Si le fond est louable, à savoir réclamer un César féminin, on se moque dans le film plutôt des femmes qui réclament de meilleurs droits. On sent que Guillaume Canet a eu envie de pousser à se moquer des hommes dans cette situation, malheureusement ce n’est pas assez appuyé pour que ça fonctionne.

Un Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, en moins bien

En sortant de la salle, un sentiment m’est venu : aucune réplique ne m’a semblé sortir du lot. Là où Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre à rendre cultes un nombre incalculables de répliques, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu n’y arrive pas.

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C’est peut-être à cause des acteurs, du contexte du film ou de l’écriture, mais c’est difficile à dire. Le film souffre indéniablement d’une comparaison avec celui d’Alain Chabat : gros budget, gros casting et grosse production sont en commun. D’ailleurs, les décors et effets spéciaux du film sont assez impressionnants : le film est évidemment bien réalisé ; si la mise en scène n’est pas novatrice, elle est propre. Cependant, on sent que les scènes s’enferment dans un cadre étriqué, allongé par les effets spéciaux. Ce qui fait que les personnages ne bougent finalement pas tant que ça.

65 millions d’euros de budget : l’argent n’achète pas tout

Le budget pour la production de ce nouvel opus des aventures de nos deux Gaulois préférés est énorme : 65 millions d’euros. Avec cela, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a pu s’acheter : une énorme distribution, une licence réputée, un rendu très léché et une grosse campagne de marketing, histoire de « relancer » le cinéma français. Le problème, c’est qu’il a oublié les bases : faire du cinéma. On ne parle pas de s’inscrire à jamais dans son histoire, mais au moins de raconter une histoire de façon visuelle, d’emmener le spectateur dans un nouvel environnement.

ASTÉRIX ET OBÉLIX : L'EMPIRE DU MILIEU

Aussi, ce film se prend les pattes dans la licence qu’est Astérix et Obélix. Là où le cinéma français se base sur une remise en question des personnages qui les fait avancer en plus d’une intrigue, pour constater une évolution à la fin, ce n’est pas le cas ici. Un tome ou un film d’Astérix, ça se commence par des Gaulois qui vivent dans un village entouré de Romains et ça se termine par un banquet qui réunit tous les villageois, mangeant du sanglier et buvant de la cervoise (en n’oubliant pas d’empêcher Assurancetourix de chanter). C’est aussi une autre raison qui fait que le film tombe à plat : amour, féminisme, régime alimentaire ou hygiène de vie font partie des thématiques abordées par les Gaulois. Mais à la toute fin du film, ils abandonnent leurs réflexions et leurs changements pour revenir à leur état initial. C’est inévitable et il est difficile de le reprocher au scénario si ça ne « gâche » pas vraiment la fin (parce que le film n’est pas grandiose), je trouve ça vraiment dommage. Pousser ces remises en question, c’est bien, mais dans Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, ce n’est pas assez subtil.

Faire une bonne comédie française, c’est compliqué et Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu n’a pas réussi le challenge

Il y a un autre sentiment que je n’ai pas eu en sortant du cinéma : de la déception. Parce que j’avais entendu les nombreuses critiques sur les réseaux sociaux ou dans les médias, parce que je partais avec un mauvais a priori et parce que je m’attendais à voir une série de gags, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu. Mieux : je ne me suis pas ennuyé pendant le film grâce à son rythme intense. Pour autant, je ne peux pas dire que ce soit un bon film de cinéma. En fait, il est un sketch qui dure près de deux heures, dont on connaît la fin par avance : un banquet.


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