Comment débunker les mythes complotistes, notamment de l’extrême-droite, et convaincre, lorsqu’on porte le prénom de Mendès France ? Le grand-père de Tristan Mendès France, Pierre Mendès France, fait presque figure de monstre, tant par sa taille que par son résonnement, toujours aujourd’hui. Pourtant, sur Internet, Tristan Mendès France est devenu une figure de l’anti-complotisme. Celui qu’on abrège en « TMF » est un acteur médiatique engagé contre les fausses informations qui servent à monter des complots.
Le numérique et les fake news selon Tristan Mendès France
Très tôt dans sa vie, l’essayiste se spécialise dans le numérique, notamment avec ses études à la Sorbonne, en sciences politiques, où il se penche sur ce qu’on appelait à la fin des années 90 les « nouvelles technologies de la communication ». Son DEA en poche et sa thèse jamais aboutie, il rentre dans des associations d’extrême-gauche, pro-avortement, et est même assistant parlementaire d’un sénateur socialiste. Jusqu’en 2008, où le numérique revient dans sa vie : un domaine d’expertise qu’il n’a jamais quitté depuis.
C’est là qu’il devient intervenant dans l’école de communication de la Sorbonne, le Celsa, en donnant des cours sur les nouvelles cultures numériques, ce qu’il fait toujours.
S’il se bat principalement contre l’extrême-droite française, c’est que pour lui, « il existait au sein de cette tradition politique une empreinte conspirationniste », confiait-il dans une interview à GEO. Une mécanique qui « aboutit au final à une fausse impression de vérité (et la conclusion que « tout ne peut pas être faux »…). » Le numérique donne à ces thèses conspirationnistes une nouvelle dimension en matière de circulation des données. Les échanges sont plus rapides, plus nombreux, et toujours plus convaincants : « ce qui est notable, c’est moins l’explosion de la production de contenus complotistes que leur accessibilité […] sur tel ou tel événement historique, plusieurs récits complotistes s’accumulent, se complètent, contribuant en fin de compte à asseoir la conviction du lecteur qu’il se retrouve face à une machination ». D’autant plus que la recherche active n’est plus la seule avec Internet : les réseaux sociaux et autres fils d’actualités rendent en partie passifs les internautes dans leurs consultations. Leurs algorithmes privilégient en plus de ça les discours les plus extrémistes et par extension, les plus complotistes. Ce qui fait que Tristan Mendès France se penche sur le complotisme « numérique », c’est avant tout parce qu’il pense qu’il met en péril la démocratie et le débat public. C’est devenu une nécessité que de dénoncer et « débunker » les fake news et autres thèses complotistes.
Démonter les thèses complotistes, encore et encore
En plus de l’extrême-droite française, la complosphère est aujourd’hui composée d’autres acteurs, étrangers. La Russie par exemple, utilise des complotistes français bénévoles malgré eux. pour déstabiliser la France, son adversaire. Une méthode plus efficace que de passer par ses médias, comme RT en français, chaîne de télévision du Kremlin interdite de diffusion dans l’Union européenne depuis 2022.
À lire également : Hold-Up : analyse d’un documentaire complotiste sur la pandémie de Covid-19
Son activité médiatique la plus importante, c’est sa participation à l’émission Complorama sur France Info, animé avec Rudy Reichstadt de l’association Conspiracy Watch, un vendredi sur deux. Une émission « qui décrypte les théories du complot et l’activité de la complosphère en lien avec l’actualité. » Une activité presque vitale pour le chroniqueur à l’heure de la « post-vérité » : « le complotisme a toujours été une arme pour détruire des adversaires, consolider ou prendre le pouvoir », confiait-il à GEO. D’autant plus lorsque les thèses sont instrumentalisées à des fins politiques. Ce qui passe par refaire l’Histoire avec les théories sur la construction des Pyramides, la Seconde guerre mondiale ou encore le 11-Septembre : un « moment post-historique » pour celui dont le grand-père appartient à cette Histoire.
Pour Tristan Mendès France, ce qui donne de l’écho à une théorie du complot, c’est son relai politique et médiatique. Si l’homme est activiste, il s’est déjà engagé politiquement par le passé, notamment en tant qu’assistant parlementaire. Pour mener sa lutte, il utilise les mêmes réseaux d’information que la complosphère : les médias. Que ce soit YouTube, les réseaux sociaux, ou les supports médiatiques plus traditionnels comme la radio ou la télévision. Tristan Mendès France semble s’être donné une mission : démonter les thèses complotistes, encore et encore, tout en sachant qu’il n’arrivera jamais à les tuer.
Portrait réalisé en cours d’atelier de rédaction en Master 2 Communication Rédactionnelle Dédiée au Multimédia à l’Université Paris-Nanterre.