Qu’est-ce que l’argumentation ? Comment l’utiliser ? Comment créer un argumentaire juste et bien conçu ? Note de recherche sur l’argumentation.
La définition de l’argumentation
Selon le TLFi, l’argumentation est : « Action d’argumenter ; ensemble des raisonnements par lesquels on déduit les conséquences logiques d’un principe, d’une cause ou d’un fait, en vue de prouver le bien-fondé d’une affirmation, et de convaincre ». Wikipédia ajoute qu’elle permet de pousser à agir mais qu’elle doit être comprise de tous et ne pas utiliser d’arguments fallacieux (autrement ce serait de la persuasion).
Cette définition peut évoluer selon les disciplines ; en logique et en linguistique, c’est aussi l’ensemble des prémisses données en support à une conclusion. Ces prémisses sont des raisons d’accepter la conclusion (l’argumentation). Une argumentation sera jugée bonne si les prémisses le sont.
Trois grands groupes d’argumentation
- l’art de démontrer (on s’appuie sur des faits, des preuves, une loi incontestable),
- l’art de persuader (l’émetteur fait appel au sentiment des destinataires : émouvoir, rire ou encore provoquer), via des blagues, de anecdotes, des compliments, etc.
- l’art de convaincre (l’auteur fait appel à la raison du destinataire, mais sans utiliser de faits scientifiques).
A partir des recherches de Chartrand et Émery-Bruneau, on distingue plusieurs composantes de l’argumentation :
- Communicationnelles :
- Intention de communication de l’énonciateur
- Contexte social
- L’énonciateur et l’image qu’il projette de son argumentation
- Le sujet de la controverse, une question
- Textuelles :
- La structure
- La séquence textuelle argumentative : exposition de la controverse, arguments à l’appui de la thèse et évocation de la contre thèse
- Le système énonciatif : présences de marques énonciatives, de modalités, discours rapporté
- Emploi de procédés langagiers : définition, explication, réfutation, etc.
- Utilisation de ressources langagières :
- Phrases passives, interrogatives, etc.
- Ponctuation expressive
- Implicite textuel : présupposés et sous-entendus
- Jeu polyphonique des pronoms : nous et on
- Graphiques : mise en forme de l’argumentation graphiquement (gras, souligné, etc.)
Un argument n’est cependant pas une démonstration ni une preuve :
- La démonstration consiste à établir la vérité par des moyens strictement logiques
- La preuve est une évidence concrète
Selon L’Université Ouverte des Humanités, un ensemble d’arguments permet de former une thèse : une réflexion approfondie sur un thème donné. Une thèse va généralement regrouper trois formes d’argumentation :
- Les argumentations qui montrent que l’idée centrale soutenue par la thèse est solide
- Les argumentations qui critiquent les arguments opposés à l’idée centrale de la thèse
- Les argumentations qui montrent que les idées concurrentes sont moins solides que celle défendue dans la thèse
L’utilisation de ce procédé
L’argumentation peut être utilisée dans des textes argumentatifs. Comme le dit Le Monde, c’est un « texte qui défend une thèse et tente de la faire partager à son lecteur. Cet objectif particulier ne concerne pas que le « fond » : il a une influence sur la forme même du texte ». Dans un texte de la sorte, on va d’abord poser le thème et contextualiser le sujet du texte. Ensuite, la personne qui le produit va poser sa thèse : c’est un jugement qu’elle va défendre, en argumentant avec les procédés vus précédemment. En plus d’argumenter, on va souvent donner des exemples concrets dans un texte se voulant argumentatif, afin d’appuyer son propos et de l’ancrer dans la réalité. Un texte argumentatif peut prendre plusieurs formes, voici celles répertoriées par Le Monde :
- Formes directes :
- l’essai est un ouvrage, de forme assez libre, dans lequel l’auteur expose ses opinions
- le pamphlet est un écrit satirique, souvent politique, au ton virulent
- le plaidoyer est la défense d’une cause, le réquisitoire est une accusation
- le manifeste est une déclaration écrite, publique et solennelle, dans laquelle un homme, un gouvernement ou un parti expose un programme ou une position (on trouve ainsi des manifestes de groupes d’artistes, autour d’un programme esthétique)
- la lettre ouverte est un opuscule souvent polémique, rédigé sous forme de lettre
- la préface est un texte placé en tête d’un ouvrage pour le présenter, en préciser les intentions, développer ses idées générales
- l’éloge, le panégyrique, le dithyrambe sont des textes marquant l’enthousiasme et l’admiration que leur auteur voue à quelque chose ou quelqu’un
- Formes liées à la presse écrite :
- l’éditorial est un article émanant de la direction du journal. Il engage la responsabilité du rédacteur en chef et de l’ensemble du journal, tout en restant une parole individuelle (celle du journaliste qui le signe)
- le billet d’humeur est une courte chronique où le rédacteur s’adresse en son nom à une ou plusieurs personnes, sur un sujet d’actualité
- un journal peut également publier une lettre ouverte
- Formes obliques :
- la fable
- le conte
- l’apologue
- l’utopie
- le dialogue
- la théâtre
Lisez également L’argumentation, de Suzanne-G. Chartrand et Lahcen Elghazi.