Site icon Ce que je pense

La communication ne consiste-t-elle pas essentiellement à dissocier la forme du fond ?

communication

Dissertation, proposition de réponse à la question : « La communication ne consiste-t-elle pas essentiellement à dissocier la forme du fond ? ».

Les personnalités politiques pointées du doigt pour leur communication

Depuis le début de la campagne présidentielle, beaucoup de candidats ou de personnalités politiques (qui devraient probablement se présenter) sont accusées de trop mettre en forme leurs interventions (discours, interviews, etc.) au détriment des arguments de fond. Une communication politique mise en lumière dans les médias notamment par la vulgarisation de la rhétorique, comme peut le faire le docteur en rhétorique Clément Viktorovitch dans sa chronique quotidienne Entre les lignes sur France Info. Il a par exemple très récemment montré les nombreux éléments de contextualisation et les nombreuses propositions subordonnées utilisées par la candidate du PS Anne Hidalgo dans ses réponses aux journalistes. La communication politique apparaît alors comme exclusivement tournée vers la forme, ne se préoccupant pas du fond. On pourrait alors se demander si, de manière générale, la communication ne consiste qu’à s’occuper du fond. Pour aller plus loin : la communication ne consiste-t-elle pas essentiellement à dissocier la forme du fond ?

Avant d’aller plus loin, il convient de définir ce qu’est la communication. Si l’on reprend Ferdinand de Saussure, la communication est la transmission d’un message par un émetteur à destination d’un récepteur via un canal (voix, lettre, etc.). Dans cette définition, on peut faire ressortir deux termes « message » et « canal ». Le message serait associé au fond, dénué de toute forme, il peut contenir des éléments différents : informations, recommandations, demandes, valeurs, etc. : c’est sa nature. Le canal correspondrait au support de communication, mais on pourrait élargir ce terme au rang de forme du message, qui permet la transmission de ce dernier. La forme peut être plusieurs choses à la fois : support de communication, mise en forme du message (taille, couleur, etc.). La forme est ce qui donne vie au message, c’est ce qui permet de créer son identité et de parfois identifier l’émetteur mais aussi le récepteur (logo, charte graphique, photographie, etc.) ; ce qui permet au message d’être reçu et compris.

Pour répondre à notre problématique, nous verrons dans un premier temps en quoi la communication ne constitue pas essentiellement à dissocier la forme du fond. Dans un deuxième temps, nous verrons en quoi elle consiste à différencier ces deux éléments. Enfin, nous verrons en quoi la communication associe la forme et le fond.

Le fond ne peut être détaché de la forme

Comme nous l’avons vu, la fonction primaire de la communication est de transmettre un message : le fond. Mais sans ce fond, la forme n’a plus lieu d’être : la communication ne sert alors plus. Même lorsqu’on tente d’improviser avec un fond peu riche, la forme ne peut que camoufler partiellement ce manque : c’est pour cela que certaines personnalités politiques sont accusées d’avoir des discours vides : même avec une forme soignée, le message pauvre se remarque. C’est aussi ce que l’on peut voir dans les dissertations d’étudiants, c’est ce qui se produit peut-être dans ce texte-même : si ma dissertation ne propose pas de bons arguments, même si je soigne mon écriture, que je structure mon propos ou que je fais des retours à la ligne, cela se verra naturellement.

L’un des aspects forts de la forme, c’est le support de communication et les choix qui en découlent : canal, fréquence de diffusion, audience ciblée, etc. Le support est un élément essentiel de la communication : sans support, sans canal, le message ne peut être transmis, la forme non plus. Il est alors très compliqué d’affirmer que la communication consiste essentiellement à différencier le fond et la forme.

Cependant, c’est ce que fait la communication à plusieurs niveaux.

La communication dissocie quand même le fond et la forme

Pour reprendre l’exemple de la communication politique abordé en introduction, cette dernière utilise la rhétorique pour mettre en forme le fond : la discipline se moque du message transmis, elle ne s’intéresse qu’à la forme que ce dernier va prendre. Qu’on travaille pour un candidat de droite ou de gauche, on utilisera les mêmes techniques pour arriver à transmettre le message politique et à convaincre. C’est à peu près la même chose pour la communication commerciale : peu importe la campagne, le message est « Achetez tel produit/service ».

En un sens, si l’on change le récepteur d’un message, on doit changer la forme ; le message reste le même mais on doit changer la forme à plusieurs niveaux, dans tous types de communication. C’est la même chose pour le support de communication, qui va contraindre à changer la forme : passer d’une publicité pour la télévision à une publicité pour la radio par exemple.

Mais pour qu’une communication soit efficace, peut-être faudrait-il arrêter de dissocier la forme et le fond, au contraire : les associer.

Fond et forme : les associer pour mieux communiquer

Associer la forme et le fond permettrait peut-être d’arriver à une communication plus cohérente et donc plus puissante. Peut-être que prendre en compte le fond lorsqu’on travaille sur la forme serait une bonne idée ; à l’inverse, anticiper la forme lorsqu’on s’attaque au fond rendrait la communication plus efficace.

C’est ce que font en fait très souvent les marques, par le biais de valeurs qu’elles veulent transmettre. Ces valeurs qu’on qualifie souvent de cardinales permettent de créer le fond (parfois, elles sont elles-mêmes des messages) et déterminent la forme qu’il va prendre. Le message peut ainsi donc déterminer la forme qu’il va prendre. Pour continuer sur l’exemple de la communication politique, les mouvements écologistes ont tous (ou presque) des couleurs vertes : couleur déterminée par le fait qu’ils portent des valeurs et des messages écologistes, en faisant la promotion de la nature, représentée par le vert dans notre imaginaire collectif.

En fait, ça dépend

En fait, selon les aspects de la communication, on dissociera ou non la forme du fond : au-delà de ça, il est intéressant justement d’associer la forme et le fond. Ces deux parties vitales de la communication lui permettent de porter un vrai message qui sera reçu par les cibles de cette dernière ; on retrouve le schéma de Ferdinand de Saussure.

On pourrait d’ailleurs s’intéresser à l’importance de l’imaginaire collectif dans la détermination de la forme d’un message, pourquoi pas en reprenant les travaux de sémiotique de Roland Barthes dans ses Mythologies.

Quitter la version mobile