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Xavier Dupont de Ligonnès par Society : la meilleure enquête que vous trouverez

Xavier Dupont de Ligonnès

Alors qu’Aqababe dit avoir retrouvé la trace du « tueur de Nantes », l’affaire refait surface. L’enquête la plus complète sur Xavier Dupont de Ligonnès, c’est celle de Society sortie dans deux numéros en 2020.

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Le lien entre Society et Xavier Dupont de Ligonnès

Franck Annesse, l’un des cofondateurs de Society, n’est pas exempt de polémiques, mais lorsqu’il a lancé le magazine, il avait un mot d’ordre : Society s’arrêtera le jour où Xavier Dupont de Ligonnès sera retrouvé, mort ou vif. Durant des années, des journalistes se sont mis en tête d’apporter de nouveaux événements, en cherchant de nouvelles pistes.

Sauf que le 12 octobre 2019, on annonce l’arrestation de XDDL. Tir manqué, ce n’était pas lui, mais les équipes du magazine ont saisi l’opportunité pour boucler l’enquête de Pierre Boisson, Maxime Chamoux, Sylvain Gouverneur et Thibault Raisse. C’est le moment de réunir tout ce qui a été raconté, trouvé, pour en faire une partie d’un magazine. Ou plutôt deux, tellement l’affaire est monstrueuse, tellement le tueur est monstrueux, tellement les découvertes de l’enquête sont monstrueuses. Si les chapitres de l’enquête de Society sont intéressants, c’est aussi parce que le magazine et ses journalistes sont liés à l’affaire. Ça devait prendre deux semaines : ça aura pris neuf mois.

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77 pages d’enquête sur le « tueur de Nantes »

Deux magazines, 77 pages, plusieurs chapitres. Ce qui rend l’enquête de Society aussi palpitantes, c’est que les journalistes sont allés interroger des proches de Xavier Dupont de Ligonnès, parfois de manière exclusive, parfois même des proches qui n’ont jamais (ou très peu) été entendus par la police. Ils sont un peu des doublons de la police : l’enquête de Society a même permis d’ouvrir de nouvelles pistes pour les enquêteurs. C’est le fruit d’une collaboration avec ces derniers : les journalistes étaient en contact pour s’assurer de ne pas entraver les investigations.

Les chapitres ne tombent jamais vraiment dans le sensationnalisme : dans la narration oui, mais toujours avec un attachement aux faits. Ce que ne fait pas du tout Aqababe : son enquête se résume à colporter les rumeurs ou les témoignages de gens qui pensent avoir reconnu l’homme en cavale.

L’angle fait tout, Society le prouve encore

Ce qui intrigue toujours avec Society, ce sont moins les sujets que la manière dont ils sont traités. Et c’est ça selon moi, le bon journalisme, celui qui informe, celui qui intéresse. Au lieu de parler de Xavier Dupont de Ligonnès, et si on parlait de ses proches, ses amis, sa famille ? Que sont-ils devenus, arrivent-ils à surmonter cette épreuve ? Quelles étaient leurs relations avec lui, que pensaient-ils de lui ? On a beaucoup parlé des activités en ligne de XDDL depuis des années, on a beaucoup épluché ses messages sur les forums, ses mails, etc. Mais ses proches nous en apprennent au moins autant que le contenu d’un ordinateur.

Autre choix éditorial qui fonctionne : l’absence de verbatim. Aucune citation des proches interrogés, seulement un récit. Un récit narratif, mais factuel, toujours. Et la recette fonctionne, les chapitres se dévorent. Pour en découvrir les coulisses, un seul podcast : la saison 7 de Mécaniques du journalisme, un podcast de France Culture, qui leur est consacrée. Si l’enquête est disponible dans deux numéros de l’été 2020, elle a depuis été rééditée en livre. Society a permis, à son échelle, de remettre le journalisme sur un piédestal, après une annonce d’arrestation malencontreuse du Parisien.

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