Fiche de lecture et résumé détaillé d’Observation participante (participative observation) de Sylvie Tétreault. Un article qui propose une méthode simple pour utiliser l’observation participante dans ses recherches en sciences sociales (notamment en sociologie), notamment dans le domaine de la réadaptation.
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Introduction
Pour Sylvie Tétreault, la particularité de l’observation « réside dans le fait qu’elle se déroule dans le milieu naturel de la personne ou du groupe. Bien qu’elle demande du temps et de l’investissement de la part du chercheur, elle permet de capter et de découvrir les différents aspects de la réalité du groupe observé. » La professeure précise que la méthode « est intimement liée à l’anthropologie et à l’ethnographie. »
Définition de l’observation participante
Tétreault rappelle que l’observation participante est l’observation directe « des agissements et des interactions d’individus dans leur environnement quotidien par un chercheur, qui devient l’observateur. Elle rappelle Bogdan et Taylor (Bogdan, R. & Taylor, S.J. (1975). Introduction to qualitative research methods. A phenomenological approach to social sciences. New York, NY : John Wiley.), pour qui il s’agit d’une « période de travail intense caractérisée par des interactions sociales qualifiées de privées entre le chercheur et les participants. » Il faut alors que le chercheur s’intègre dans le groupe pour mieux le comprendre. De quoi « développer une sensibilité et une meilleure connaissance du phénomène étudié. »
Fonctions de l’observation participante
Sylvie Tétreault voit deux fonctions principales à l’observation participante :
- Documenter de l’intérieur des phénomènes sociaux difficilement mesurables autrement : « la proximité du terrain et la réalité quotidienne des personnes demeure un atout indéniable pour appliquer cette méthode » ;
- Décrire le plus exactement possible l’expérience du groupe et des individus qui le composent. Les observations permettent de relever « les influences socioculturelles et interpersonnelles. » Le chercheur peut alors ressortir des actions et sentiments. Il peut être identifié comme tel dans le groupe ou non.
Caractéristiques de l’observation participante
Pour la chercheuse, « le fait que les observations se déroulent dans le contexte de vie habituel du groupe constitue une caractéristique essentielle de l’observation participante. » Elle y voit d’ailleurs deux tendances :
- L’observation participante ouverte : c’est « lorsque la communauté est informée que l’observateur est présent, qu’il est là dans un but précis et qu’il a pour tâche de regarder comment le groupe fonctionne. » L’observation se base alors sur plusieurs méthodes : l’observation dirigée, l’entretien, les discussions informelles, la prise de photo.
- L’observation participante fermée : c’est lorsque l’observateur est incognito dans le groupe ; « dans ce cas, il s’intègre sous une fausse identité ou de faux prétextes. » Le chercheur se comporte alors comme les autres, adoptant les mêmes comportements. Cette pratique « doit tenir compte des considérations éthiques liées à sa position de clandestin. »
Organisation de l’observation participante
Sylvie Tétreault propose alors quatre étapes pour organiser sa recherche en utilisant l’observation participante.
1. Déterminer les objectifs et planifier l’observation participante
Avant toute chose, il faut s’assurer que la méthode « est compatible avec les caractéristiques du thème à explorer et de la question de recherche. » Pour la professeure, « il doit s’agir d’un sujet complexe ayant des liens entre le phénomène étudié et les personnes qui le vivent. » Il ne faut pas établir d’hypothèses de départ et être ouvert aux acteurs et à ce qu’on constatera.
2. Identifier le groupe et les participants potentiels
La chercheuse note que « le groupe est identifié en fonction de la thématique de recherche du chercheur. Les membres de ce groupe deviennent automatiquement les participants. » Dans le cas d’une observation ouverte, « un formulaire de consentement doit être signé par chacun d’entre eux. »
3. Réaliser l’observation participante et recueillir les données
La méthode principale pour l’observation participante, c’est la prise de notes : il faut écrire rapidement et de façon systématique afin de ne rien oublier. Pour Sylvie Tétreault, « il est préférable que les données soient brutes, instinctives et non filtrées. » Pourquoi pas enregistrer à l’aide d’un magnétophone. Elle reprend les fonctions des notes selon Charmaz (Charmaz, K. (2011). A constructivist grounded theory analysis of losing and regaining a valued self. Dans F.J. Wertz, K. Charmaz, L.M. McMullen , R. Josselson, R. Anderson & E. McSpadden (éds.), Five ways of doing qualitative analysis : Phenomenological psychology, grounded theory, discourse analysis, narrative research, and intuitive inquiry (pp. 165-204). New York, NY : The Guilford Press.) :
- décrire les personnes observées ainsi que le contexte de vie ;
- définir les différents modes de communication utilisés entre les membres du groupe ;
- préciser les conditions sociales, l’environnement non humain et les circonstances environnementales dans lesquelles les échanges ont lieu ;
- enregistrer les actions individuelles et collectives ;
- noter les comportements, les déviances, les situations conflictuelles ;
- détailler des situations en les illustrant avec des anecdotes et des observations ;
- mettre l’emphase sur des éléments déterminants et significatifs, qui expliquent certaines réactions ou le déroulement de l’action observée ;
- capter des expressions ou termes utilisés par les participants ;
- ressortir progressivement des thèmes-clés et des idées primordiales à retenir.
La professeure recommande de séparer les notes descriptives des notes réflexives ; il convient par ailleurs d’identifier le moment et le lieu des observations. Plusieurs supports sont possibles : carnet, téléphone, etc.
4. Analyser les données et rédaction du rapport
Après les observations, il faut classifier les notes « selon leur nature et leur contenu », ce qui peut se faire sur le terrain. On peut se baser « sur un cadre de référence ou un modèle théorique), ou bien se concentrer sur certains aspects uniquement. Cela passe par de l’analyse de contenu.
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