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Les Bonnes de Jean Genet au Théâtre 14 : faut-il se venger de ses tortionnaires ?

La pièce Les Bonnes de Jean Genet est de retour au Festival 14 en ce mois de mai 2025, au Théâtre 14. Une pièce tout en gags (ou presque) qui interroge sur le rapport aux tortionnaires, qui plus est dans un contexte « professionnel ».

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Le résumé de Les Bonnes de Jean Genet au Théâtre 14

« Tous les soirs Claire et Solange, deux sœurs et domestiques, inventent des histoires, se fardent, s’habillent et jouent à être Madame, leur maîtresse, pour échapper à la violence de leur quotidien. Mais un soir, le jeu dérape et bascule dans la folie. La pièce de Jean Genet nous invite à nous interroger sur les rapports de domination tout en célébrant la théâtralité comme une ode à l’imaginaire et au jeu. Après le succès du spectacle de la saison dernière et la nomination de Yuming Hey au Molière de la révélation masculine, redécouvrez la subversivité et la modernité de ce texte révélées par la mise en scène audacieuse de Mathieu Touzé. »

D’un fait divers à une pièce de théâtre à une pièce de théâtre encore plus forte

Ce qu’il faut savoir (même si ça n’a jamais été assumé par l’auteur), c’est que la pièce de théâtre Les Bonnes est inspiré d’un fait divers, l’Affaire Papin. L’histoire de deux sœurs qui ont assassiné leurs patronnes (une mère et sa fille) en 1933 au Mans. Un double meurtre resté dans les annales de la criminalité, d’autant plus au vu du contexte : les deux femmes étaient exploitées et pas respectées par leurs employeurs. Ça a donné l’idée à Jean Genet d’en faire une pièce de théâtre, dramatique.

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© Christophe Raynaud de Lage

C’est là que Mathieu Touzé a repris la pièce pour la rendre beaucoup plus puissante, dans tous les sens du terme. Déjà, l’actualiser : les décors blancs, les vêtements, la manière de parler. La pièce ne se passerait pas vraiment à notre époque, mais un peu quand même. Cela va de pair avec des scènes surréalistes, qui n’ont a priori aucun sens, ou encore des scènes de musique, enceintes à fond, parce que pourquoi pas. Dernière chose : de l’humour. Des gags (pas de chutes ridicules, mais presque), des dialogues à bâtons rompus, Les Bonnes reste dramatique, mais ajoute une touche d’humour. Et ça fonctionne : étonnamment, ça n’alourdit pas trop le récit. Les Bonnes de Jean Genet refusait de se mettre dans une case et tapait sur une bourgeoisie à la fois trop décomplexée et trop étriquée : Mathieu Touzé l’actualise, fait pareil, encore plus intensément.

On en fait quoi de la patronne ? Les Bonnes s’interrogent

Le cœur de la pièce reste encore le dilemme moral. Claire (Elizabeth Mazev) et Solange (Stéphanie Pasquet) vont se poser la question du début à la fin. C’est vrai après tout : tuer sa patronne, c’est peut-être aller trop loin ? Quand on voit Madame (Yuming Hey), il y a pourtant de quoi se poser la question. C’est l’archétype de la dame bourgeoise déconnectée, qui pense avoir un bon fond, ce qui la rend parfaitement irritable. Une performance réalisée à merveille par le comédien qui rentre dans sa peau. Son humeur est changeante et contraste avec la monotonie de la vie de Claire et Solange.

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© Christophe Raynaud de Lage

C’est ce dilemme qui court tout le long de la pièce, jusqu’à parfois nous perdre (il faut rester attentif et c’est parfois difficile à suivre), mais surtout à nous mettre mal à l’aise. Et c’est justement ça, l’effet recherché. Après les blagues, les frasques de Madame, les piques entre Claire et Solange, reste le drame des bonnes.

La pièce est jouée tous les soirs (sauf le lundi) au Théâtre 14 du 6 au 24 mai 2025 et dure 1h35 :

  • Les mardis, mercredis et vendredis à 20h ;
  • Les jeudis à 19h ;
  • Les samedis à 16h.

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