Alors que le Rassemblement National n’a jamais été aussi fort politiquement, il cherche à prendre le pouvoir en remportant les très prochaines élections législatives. Mais faisons un peu d’anticipation : comment imaginer des commémorations du 8 mai 1945 avec un Jordan Bardella très mauvais en débat ou une Marine Le Pen à Matignon ?
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Rappelons les liens entre le Rassemblement National et le régime nazi
On n’a cesse de le rappeler, certains l’ignorent malheureusement encore : le Rassemblement National a des liens avec le régime nazi, sans suffisamment les renier. Il est donc à rappeler que le Front National (l’ancien nom du RN) a été fondé par notamment Jean-Marie Le Pen bien sûr, mais aussi des anciens Waffen-SS, tels que Pierre Bousquet ou Léon Gaultier. Durant les élections législatives de 1973, les premières auxquelles le Front National a participé, le parti est allé chercher du côté de certains pétainistes et néonazis notoires.
Alors oui, tous les militants et cadres du Rassemblement National ne sont pas nazis, évidemment. Pour autant, des scientifiques rapportent qu’il reste des groupes néonazis au sein du RN. Et c’est arrivé très dernièrement : le conseiller régional RN de Bourgogne-France-Comté, Thomas Lutz, a prononcé le mot allemand « untermensch », littéralement « sous-homme », historiquement utilisé par les nazis pour désigner les non aryens. Par la suite, si le Rassemblement National l’a rappelé à l’ordre, il ne l’a pas exclu. Et là, on ne parle pas du scandale de Jean-Marie Le Pen sur le « point de détail » en 1987 : l’incident s’est déroulé cette année. On peut aussi remonter un peu plus loin : Jean-Yves Queinnec a été membre du Front National de 1973 à 2015, et candidat pour le parti : début juin, il faisait un salut nazi et scandait « Heil Hitler » durant une conférence à Rosporden à propos de l’extrême-droite.
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Quand le camp macroniste renvoie dos à dos ce qu’il appelle « les deux extrêmes », il se trompe : le Rassemblement National est d’extrême-droite, le Nouveau Front Populaire n’est pas d’extrême-gauche, le PCF et LFI non plus.
Des potentielles futures commémorations inimaginables
Faire la liste de tous les actes pouvant être considérés comme « nazis » de militants ou ex-militants du Rassemblement National serait en vérité assez malhonnête : ce serait du cherry-picking et cela ne permettrait pas de déterminer si le RN est nazi. Je laisse ça aux sciences sociales dont c’est le but d’étudier des groupes et leurs comportements, leurs pensées. Mais il me reste quelque chose qui m’attriste : si le Rassemblement National arrive au Gouvernement, comment continuer à commémorer les morts et blessés de la Seconde Guerre mondiale ? Comment rendre hommage aux Juifs persécutés par le IIIème Reich ainsi que par le Gouvernement français de Vichy, avec Pétain à la tête de ce pouvoir collaborationniste ? Comment regarder les rescapés des camps de la mort dans les yeux, comment leur demander de serrer la main d’une Marine Le Pen par exemple ? Comment continuer à lire Primo Lévi sans ressentir de la honte ?
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C’est une chose horrible que je n’arrive pas à m’imaginer : cela me paraît impossible et pourtant, on n’en a jamais été aussi proche. Alors, ce qui me reste à vous dire, c’est d’aller voter pour le Nouveau Front Populaire : la liste Ensemble n’a pas le poids de battre le RN et justement, Emmanuel Macron joue à un jeu trop dangereux avec l’extrême-droite. C’est selon moi la manière la plus efficace de pouvoir continuer à rendre hommage à ceux qui se sont battus pour que les Français restent libres du totalitarisme nazi.