Ça y est, c’est fait ! Notre Président de la République Emmanuel Macron a officialisé sa candidature à sa réélection ce vendredi 4 mars. Après des mois et des mois d’un faux suspense on ne va pas se mentir ; cette annonce est au moins le top départ pour sa campagne présidentielle.
Une candidature annoncée dans une lettre aux Français publiée un peu partout. Dans cette lettre, il commence par revenir sur les différentes crises traversées par le pays et par ses citoyens durant son quinquennat, sans pour autant parler du mouvement des Gilets Jaunes. Pour lui, je cite “Nous avons fait face avec dignité et fraternité. Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir” : il inclut ici tous les Français. Pour défendre son mandat, il martèle ensuite un bilan positif avec une anaphore, une figure de rhétorique qui consiste à faire la répétition d’un mot en début de phrase : “Grâce aux réformes menées”, “Grâce au travail de tous”, “Grâce à nos efforts”.
Ce serait égocentrique de sa part de ne pas nuancer tout cela. Il reconnaît ne pas avoir tout réussi, mais capitalise sur son expérience, je cite : “Il est des choix qu’avec l’expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment”.
Cela lui permet ensuite d’enchaîner sur les grands axes de son programme s’il est réélu. Il y parle de force économique, d’énergies renouvelables, de lutter contre les inégalités, de l’éducation, du grand âge, du handicap, de culture, de justice.
Il nous dit quelque chose d’assez cocasse : “En chaque lieu, j’ai perçu le désir de prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s’appelle la France”. Alors c’est probablement vrai, mais je vais peut-être mettre une baffe à notre président : il est possible que ces Français veulent s’engager, mais sans vous, monsieur Macron.
Trêve de sarcasme, il conclut notamment en disant qu’il ne pourra pas mener campagne comme il l’aurait souhaité en raison du contexte, évidemment celui de la guerre en Ukraine. Je vous en parlais la semaine dernière, la campagne présidentielle est impactée par cette guerre et évidemment Emmanuel Macron est le plus impacté.
Pour accompagner sa communication autour de sa candidature, l’organisation de la campagne, qui se nomme “avec vous” lance une série de vidéos suivant le candidat dans sa campagne. Une équipe pour le moins déconnectée de la réalité, ou alors une équipe qui use de rhétorique et qui part du fait que son candidat va de toute façon gagner (de 1:18 à 1:31) :
Bref, sous couvert d’humilité et d’un peuple Français qui ne se fait pas manipuler comme ça, Emmanuel Macron fait comme si l’élection était déjà remportée, sans le dire.
Mais alors, qu’en est-il pour la suite de la campagne ? Emmanuel Macron annonce vouloir aller à la rencontre des Français. S’il assure que le débat démocratique se tiendra durant cette campagne, il n’a pas l’air ouvert à un débat public entre tous les candidats, avec ses concurrents. D’ailleurs, son entourage politique remet en question justement cet exercice, c’est ce qu’ont notamment exprimé Gabriel Attal, porte-parole du Gouvernement, Stanislas Guerini, délégué général de LREM ou encore Olivier Dussopt, ministre des Comptes publics.
Au-delà de l’élection, un débat serait l’occasion de faire un bilan le plus objectif possible du mandat d’Emmanuel Macron, qu’il rende des comptes sur les propositions de son programme, qu’elles soient tenues ou non. Ce serait aussi une façon d’assumer devant tous les Français ses décisions au cours de ces cinq dernières années et de répondre clairement à l’opposition.
Ce serait enfin l’occasion de parler de la suite, de son programme. Ah oui, son programme… Comment dire ? Pour l’instant, il n’y en a pas ou alors il n’a pas encore été publié. Mis à part les grands mots donnés dans sa lettre, on ne connaît rien des prochaines mesures d’Emmanuel Macron. Pourtant, en communication politique, qu’on fasse les plus belles vidéos, qu’on prononce des discours grandiloquents, qu’on s’étripe avec les autres candidats ou qu’on dise de belles phrases, quand il n’y a rien derrière, ça ne marche pas à tous les coups.