« Le monde merveilleux des ultra-riches » : Cash Investigation sur ceux qui trichent

Elise Lucet et les journalistes de Cash Investigation diffusaient sur France 2 la semaine dernière Le monde merveilleux des ultra-riches. Un long documentaire, complet, parlant des méthodes des hommes les plus riches de la planète pour éviter de payer des impôts, tout en maximisant leurs revenus. Et surtout, comme d’habitude avec « Cash », un documentaire d’utilité publique.

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Résumé de Le monde merveilleux des ultra-riches

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La France est le troisième pays qui compte le plus de millionnaires au monde. La femme la plus riche du monde, Françoise Bettencourt Meyers, l’héritière de l’Oréal, est française, tout comme le deuxième homme le plus riche du monde, Bernard Arnault, le patron de LVMH. Dans ce numéro, Elise Lucet et l’équipe de « Cash Investigation » enquêtent sur les ultra-riches, ce monde à part, avec ses règles sur-mesure. Héritages, niches et avantages fiscaux, rémunération exorbitantes des patrons du CAC40 : leurs réalités, parfois méconnues et pour le moins étonnantes, sont scrupuleusement passées à la loupe par les investigateurs du magazine. »

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Les riches ça triche, mais avec beaucoup de sous

Et si le problème avec la richesse, c’est qu’elle mettait entre les mains de quelques personnes de l’argent qui peut servir au plus grand nombre ? C’est un peu ce qu’on ressent lorsqu’on regarde ce documentaire. Par exemple ce qu’on ressent lorsqu’on s’aperçoit que certains loueurs de yachts font éviter la TVA à leur client. Bon, si on parlait d’une petite berline louée le temps d’un week-end, ce n’est pas très grave. Non, là on parle d’éviter la TVA sur le carburant des yachts, qui peuvent consommer des centaines de litres par heure de fonctionnement. Sur une semaine, comptez plusieurs dizaines de milliers d’euros, de carburant. Et sur un mois, la TVA économisée (qui devrait être à 20%) se chiffre en plusieurs dizaines de milliers d’euros. Le souci, c’est que plusieurs dizaines de milliers d’euros, disons quatre, c’est un bon salaire annuel, qui pourrait revenir, je ne sais pas moi, à un enseignant, un infirmier, etc.

Le problème, c’est le jeu d’échelle, c’est la politique publique menée depuis longtemps pour avantager les chefs d’entreprise et les investisseurs, les séduire afin qu’ils ne revendent pas à des groupes étrangers ou pire, partent à l’étranger faire leurs petites affaires. C’est oublier l’attachement affectif et symbolique desdits « riches » à l’égard de la France. La France, elle a aussi sa fierté, ses travailleurs, ses compétences, et c’est oublier tout cela. Et oui, ce serait oublier que l’homme, même devenue fou, revient toujours aux choses les plus simples.

Un numéro de Cash Investigation qui se perd un peu partout

Entre les méthodes de défiscalisation des héritages les plus élevés, la question de la TVA sur le carburant des yachts, la question des émissions de gaz à effets de serre de ces gros bateaux, celle du salaire d’Alexandre Bompard, etc. on s’y perd quelque peu. Alors oui, les numéros de Cash Investigation sont toujours (et là encore) expliqués très clairement, vulgarisés pour être compris par le plus grand nombre, sans nécessairement simplifier la réalité. Mais là, c’était peut-être trop pour tout réunir dans un unique numéro.

On sent bien qu’entre les questions de salaire du PDG de Carrefour et la défense syndicaliste des travailleurs du groupe, on perd un peu l’intérêt du film, à savoir Le monde merveilleux des ultra-riches. C’est bien dommage de perdre comme cela son angle, même si ça permet de parler au plus grand nombre. Je suis convaincu qu’un équilibre aurait pu être trouvé là-dedans. D’autant plus que Cash Investigation, à la base, c’est aussi de grandes affaires de fraude (certains diront « optimisation ») fiscale.

Pourquoi Le monde merveilleux des ultra-riches n’appartient pas aux plus pauvres

L’argument qui revient le plus souvent pour favoriser la défiscalisation de l’héritage notamment, c’est que si les pauvres avaient de l’argent, ils feraient la même chose. C’est peut-être vrai, sauf que ce n’est pas vrai, du moins pas réel. Et comme dirait un certain Usul, sans prendre des pincettes : « t’es pas riche, ducon ! ». Les plus pauvres pourraient être plus riches, si les riches ne jouaient pas tout le temps à éviter de garder l’argent pour eux. D’ailleurs, l’autre argument qui penche vers moins d’impôts, c’est celui du « ruissellement économique ». Autrement dit, les politiques économiques inégalitaires qui avantagent les plus riches leur permettent de dépenser leur argent, argent qui « ruisselle » sur les plus pauvres. Le souci, c’est qu’aucun économiste n’a pu scientifiquement prouver cette théorie qui a toujours paru un peu foireuse. On sent bien que le capitalisme est un système qui s’essouffle : s’il a apporté beaucoup à la société française (en maltraitant d’autres peuples, y compris le peuple français au moins en partie), on en arrive au bout, à des inégalités qui ne sont plus tenables. Et si ce monde merveilleux venait à tomber à long terme ?

Le monde merveilleux des ultra-riches est un documentaire disponible en ligne gratuitement sur la plateforme France.tv, jusqu’au 16 septembre 2024.