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« Superprofits : les multinationales s’habillent en vert » : Cash Investigation règle les comptes

Cash Investigation a mené l’enquête sur les actions « écologiques » des multinationales et leurs superprofits : ce dont on se rend compte, c’est qu’elles ne respectent pas vraiment leurs engagements, ou les réalisent très mal. Une belle émission d’investigation qui met en lumière ce grave problème à une heure de grande écoute dans un documentaire complet.

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Synopsis de Superprofits : les multinationales s’habillent en vert

« Ces derniers mois, certaines multinationales ont engrangé de superprofits. Total, par exemple, gagne actuellement 73 millions d’euros par jour. Des bénéfices qui financeraient notamment la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Mais qu’en est-il de ces belles promesses vertes ? Elise Lucet et l’équipe de Cash Investigation ont enquêté sur le méga projet de la compagnie pétrolière française en Ouganda et en Tanzanie. Pour développer sa production d’hydrocarbures, la multinationale peut compter sur le soutien financier d’un autre fleuron français : la BNP-Paribas qui a réalisé en 2021 un bénéfice record de 9,5 milliards d’euros. La banque promet à ses clients d’investir dans des solutions d’épargne responsable. Les journalistes de Cash Investigation ont passé au crible les fonds verts de la banque. »

Cash Investigation

Les limites du capitalisme et des superprofits : la crise climatique

L’économie va mal, mais pas pour tout le monde : certaines multinationales n’ont jamais réalité autant de profits que ces dernières années. Le tout dans un contexte de crise climatique, le plus grand défi que l’humanité doit relever : si le capitalisme a permis de faire monter le niveau de vie (pas pour tous), on assiste peut-être à ses limites, d’autant plus lorsqu’il est malhonnête. Le but d’une entreprise est de générer de l’argent et des profits : elle n’a aucun intérêt à investir dans l’écologie à court terme. Sans aller à des extrêmes, la limite du capitalisme, c’est probablement qu’il n’en a pas : les écarts de richesses n’ont jamais été aussi grands, les inégalités non plus. Sans aller jusqu’à tuer le capitalisme, nous pourrions au moins restreindre les dividendes, pour avantager les investissements pour l’écologie et mieux redistribuer les richesses. Parce que les entreprises sont puissantes économiquement (et donc politiquement), elles se doivent de s’engager pour l’écologie. Parce que nous sommes dans un système qui privilégie le capital, c’est à lui de prendre ses responsabilités, bien que l’écologie ait été boudée pendant la campagne présidentielle. Ce dont on se rend compte aussi dans ce numéro de Cash Investigation, c’est que concrètement, l’écologie est étroitement liée aux droits humains et aux questions sociales.

Le projet d’extraction de pétrole de Total en Ouganda

Pour protéger leur réputation, les multinationales mentent dans leur communication

Deux supercheries qui relèvent du marketing/de la communication sont révélées par l’émission. La première concerne Total et son projet de forage en Ouganda. L’entreprise se targue de financer des ruches à une apicultrice ougandaise : elle témoigne à plusieurs reprises dans des vidéos de communication. Seulement voilà, lorsque Pierre Larrouturou, député européen, se rend sur les lieux, on tente de lui faire passer ça. Suspicieux, il revient aux ruches plus tard, sans les équipes de Total et se rend compte que les ruches… sont vides. L’autre mensonge, il concerne la BNP Paribas et ses livrets d’épargne « verts » : censés financer des projets écoresponsables tout en assurant des intérêts, ils sont mis en avant par les conseillers bancaires. L’équipe d’Elise Lucet a cherché quels étaient les entreprises financées par l’argent des clients de la banque et on trouve quelques noms dérangeants : Total Energies, Coca-Cola ou encore une entreprise d’arrosage automatique de terrains de golf. Cash Investigation avait déjà enquêté sur les pratiques des banques dans Nos très chères banques. Tout cela a un nom, qu’on connaît bien : le greenwashing.

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Le peuple peut prendre le contrôle des superprofits

Par la manifestation, par la législation, le peuple peut prendre le contrôle des multinationales et inverser le rapport de force des superprofits. Le débat en plateau de Cash Investigation qui suit l’enquête : on y apprend que les ingénieurs, par exemple, sont de moins en moins nombreux à vouloir travailler pour ces multinationales polluantes, même avec des salaires séduisants. La société peut aussi se tourner vers d’autres banques que la BNP Paribas, grâce à la mobilité bancaire, pour sanctionner la banque dans ses agissements. Un des moyens d’expression, s’il n’est pas le plus efficace, existe quand même et il est rapide à appliquer : la pétition. Plusieurs ont été lancées contre Total pour communication mensongère, comme celle des Amis de la Terre, dont fait partie Juliette Renaud, interviewée sur le plateau de Cash Investigation. Elle a récolté plus de 23 000 signatures et vise à poursuivre Total en justice.

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Si Cash Investigation ne fera pas couler Total Energies, sa mission principale d’informer est remplie : on en apprend beaucoup sur le greenwashing de ces multinationales. Un travail pédagogique qui a l’air de fonctionner : Elise Lucet annonce que 8 Français sur 10 se disent pour que les entreprises s’engagent en priorité sur les questions sociales et environnementales, mais aussi que 75% des Français ne croient pas aux engagements affichés par lesdites entreprises. Un constat bien loin que celui de Don’t Look Up, film satirique sur les sujets de société fatals pour l’humanité.


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