Le rap en France vient principalement d’une seule ville : Paris. Si d’autres rappeurs ont émergé ailleurs, c’est ici que tout a commencé. En quelques décennies, le rap s’est imposé comme le genre musical le plus écouté en France et il est surtout l’apanage des « quartiers » : des endroits délaissés par la politique et réappropriés dans le rap. Avec Paname, le Grand Paris du rap, Jean Morel et Simon Maisonobe reviennent dans ce documentaire au début des années 2010, là où l’Île-de-France a vu les plus grands artistes rap contemporains naître et notamment émerger.
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Synopsis de Paname, le Grand Paris du rap
« Et si le rap avait été la première et véritable manifestation du Grand Paris ? Paname, le Grand Paris du rap raconte une décennie hors normes, les années 2010, pendant lesquelles l’Île-de-France s’est imposée comme l’un des principaux centres du rap mondial. De la Sexion d’Assaut à PNL, en passant par l’Entourage, Kaaris, MHD ou encore Fianso, en plongeant dans les racines de cette scène, en puisant dans sa diversité, en naviguant des deux côtés du boulevard périphérique : retour sur dix années qui ont changé la musique… ou que la musique a changées. »
Le Grand Paris, Paname : un espace géographique avant tout
Paname, c’est le surnom donné à Paris en argot. Si l’étymologie est discutée, l’une d’entre elle vient de « ville panama », autrement dit « ville énorme ». Et c’est vrai que Paris est grand, mais si c’est une grande ville, c’est aussi grâce au « Grand Paris ». D’un point de vue administratif, il s’agit de la plus grande intercommunalité de France, unique dans le pays : quelques 131 communes réparties dans l’Île-de-France, reliées par un réseau de transports en commun pas toujours arrangeant. Un Grand Paris qui a vu se succéder les lois et plans de restructuration pour construire et gérer des banlieues : des « cités » où se trouvent des populations majoritairement pauvres dont un certain nombre issu de l’immigration. Des « quartiers » délaissés par des politiques diminuant petit à petit l’interventionnisme dans ces zones. En bref, cette intercommunalité est aussi enchevêtrée dans un millefeuille administratif où chaque institution rejette les responsabilités sur l’autre et à l’instar des réseaux TER, personne ne veut s’en occuper pour régler le problème. Il n’en fallait pas moins pour faire émerger le rap dans ces banlieues : une musique de la débrouille.
Le rap : la musique de la débrouille, la musique de la liberté
Le rap possède plusieurs avantages qui permettent sa pratique facile : déjà, c’est une musique dite populaire, à l’encontre des genres dits « traditionnels », « classiques », voire « légitimes ». Pas besoin d’un statut social pour le pratiquer. Aussi, il ne demande pas nécessairement de moyens : on peut très bien rapper a capella ou simplement avec un rythme. Des instruments peuvent être rajoutés certes, mais c’est aussi une musique dont les instrumentales ont émergées avec la musique assistée par ordinateur. Sans aller plus loin, le rap, c’est la musique de la débrouille.
Si l’on peut accuser La Haine et autres films du genre de « romantiser la rue », force est de constater qu’en banlieue, les habitants s’y sentent enfermés. À la fois proches géographiquement de Paris et de tout ce que la ville a à leur offrir, ils peuvent parfois aussi y être loin. PNL a grandi dans la cité des Tarterêts dans le 91, qui se situe loin du 75. Le rap, c’est aussi une source de créativité : on peut raconter ce qu’on veut, y compris un quotidien morose, triste. C’est donc une musique pour la liberté.
Une carte d’Île-de-France du rap : la réussite de Paname, le Grand Paris du rap
Tout au long du documentaire, une cartographie des rappeurs franciliens se crée : on voit chaque département de la petite couronne, occasionnellement à la ville près. À la fin, c’est une grande carte du rap francilien qui abouti. L’avantage avec cela, c’est que tout y passe, mais là où les réalisateurs ont fait fort, c’est qu’on passe d’un rappeur à l’autre avec une fluidité qui ne se voit pas, comme avait pu le faire Virginie Despentes et son Vernon Subutex. Si vous connaissez le rap, à plusieurs reprises dans le film, vous aurez le réflexe de vous dire : comment ont-ils pu oublier tel ou tel rappeur ? Rassurez-vous, celui auquel vous pensez est très probablement le prochain.
Paname, le Grand Paris du rap fait tout le tour de la première couronne de Paris, sans pour autant oublier le centre : Paris. Plusieurs groupes et artistes ont démarré leur carrière « intra-muros » et ont même pu être mal jugés par les rappeurs « des banlieues ».
Dix ans dans le rap : Paname, le Grand Paris du rap a bien changé
Cela fait des décennies que le rap existe en France, démocratisé dès les années 90 avec des groupes comme NTM ou IAM. Mais la vraie démocratisation du rap français, elle s’est faite durant les années 2010. Avant, il n’y avait pas grand-chose : Clignancourt était la plaque tournante de la vente de CD à la sauvette et si l’on comptait quelques concerts de rap dans la région, ce n’était pas ce qui était le plus mis en avant culturellement.
Cependant, quelque chose a tout changé : l’arrivée du streaming. Les auditeurs de rap étant jeunes, dans une position de contre-culture, ils étaient déjà sur Internet. Le rap aussi : les blogs d’artistes étaient légion et les premiers médias rap commençaient à se faire connaître. Mais avec le streaming, c’est l’industrie musicale qui s’est rendue compte de la puissance du rap en France. C’est durant les années 2010 que beaucoup de figures ont émergées. Un sentiment que retrace très bien Paname, le Grand Paris du rap en retraçant la carrière de plusieurs artistes du genre.
Invités qui visent juste et dont les profils sont divers (rappeurs, journalistes, universitaire, etc.), extraits de morceaux très illustratifs et durée juste assez longue, le pari de Paname, le Grand Paris du rap est réussi. Le documentaire est disponible en intégralité sur france.tv.
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