Wim Wenders est revenu avec un film tout simple sur la routine, Perfect Days, via l’histoire d’un homme japonais qui nettoie des toilettes, et qui pourtant voit de la beauté chaque jour. Un long métrage contemplatif, qui ne raconte pas grand-chose, mais qui l’assume.
À lire également : Vernon Subutex : comment un vieux fan de rock nous fait voyager, sans que lui ne bouge
Synopsis de Perfect Days
« Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien. »
Allociné
La beauté dans le quotidien n’est pas la beauté du quotidien
La vie de Hirayama n’est pas passionnante : très solitaire, il travaille sans relâche tous les jours et n’a que peu d’occupations personnelles. Enfin si, il en a : la musique rock des années 80 et 90, les livres (beaucoup de livres), la photographie et quelques plantes. On pourrait alors facilement penser que le film veut parler des « petites gens », des agents d’entretien qu’on peut croiser tous les jours. Histoire de les mettre en valeur. Mais ce n’est pas ce que Wim Wenders veut dire, selon moi, ou pas exactement.
Si le quotidien de Hirayama n’est pas « beau », lui trouve de la beauté chaque jour. Et c’est là que la mise en scène entre en scène.
La répétition comme illustration que la routine est faite pour être perturbée
On vit plusieurs jours de la vie de Hirayama dans Perfect Days. On le voit à plusieurs reprises se lever, ranger son matelas et sa couette, aller se brosser les dents, partir au travail. On le voit récurer des sanitaires publics toute la journée, avec ou sans son collègue. On le voit déjeuner dans un parc, rentrer chez lui, aller au restaurant, s’endormir devant un livre. Et ça recommence plusieurs fois, avec des plans différents, mais des rythmes similaires. Et pourtant, dès qu’il sort de chez lui, il lève les yeux au ciel, respire, et souris.
Parce qu’en fait, si tous les jours se ressemblent, aucun jour ne se ressemble. Chaque jour, il se passe quelque chose d’un peu différent : ses déboires pour gérer son collègue, ses discussions, les livres qu’il lit, la beauté de la nature. Même ses rêves peuvent être des prétextes à briser la routine. Wim Wenders crée de la répétition pour illustrer la routine, mais la casse aussi tout au long du film. C’est ce qui vient perturber le quotidien de Hirayama, mais de manière très naturelle. C’est cette naturalité, ou plutôt cette absence d’artificialité qui fait la force de Perfect Days. Le tout en fait un film très contemplatif, sans beaucoup de dialogues.
Les Perfect Days sont ceux que l’on crée
À travers la musique, Perfect Days nous dit que « You’re going to reap just what you sow » et que « Just a perfect day, Drink Sangria in the park, And then later, when it gets dark, We go home ». La place de la musique est très importante dans le film, et dans la vie de Hirayama et ça donne envie d’écouter les morceaux que le personnage principal (incarné par Koji Yakusho) aime. On pourrait penser que Wim Wenders offre une vision fantasmée de Tokyo et plus généralement du Japon. En lisant des critiques, c’est ce que j’ai pu lire. Mais en vérité, je ne trouve pas que ce soit vraiment le cas. Je n’ai jamais visité le Japon, mais si la photographie du film m’a beaucoup plus, ce n’est pas pour autant que j’ai davantage envie de visiter ce pays.
Alors, Perfect Days n’est peut-être pas un chef-d’œuvre, puisqu’il est un film très simple, qui illustre un quotidien perturbé, mais pas perturbant au sens de Jeanne Dielman 23, Quai du Commerce 1080 Bruxelles. Beaucoup de poésie dans ce film, pour pas beaucoup de message, dans une formule qui fonctionne. Mis à part ça, je vous en conjure, regardez Paris, Texas, du même réalisateur.