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Cash Investigation sur McKinsey : quand les cabinets de conseil nous manipulent

C’est la suite de l’affaire McKinsey qui avait bousculé la campagne présidentielle de 2022 : Cash Investigation a mené l’enquête pour comprendre comment l’État a abusé du recours aux cabinets de conseil, et principalement de McKinsey. Ce qui montre que l’émission est davantage un service public utile que les rapports de McKinsey commandés ces dernières années.

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Le résumé de Cash Investigation : McKinsey, une firme au cœur du pouvoir

« Cash investigation » a enquêté sur McKinsey, l’une des entreprises les plus influentes et les plus secrètes de la planète. Celle qui est surnommée la « firme » par ses propres employés, vend à prix d’or des conseils aux multinationales et aux gouvernements. En 2022, en pleine campagne présidentielle, le cabinet de conseil américain s’est retrouvé au coeur d’un scandale d’Etat, lorsque les liens entre le président de la République, Emmanuel Macron, et le cabinet de conseil ont été révélés. C’est le début de l’affaire McKinsey. Grâce à des documents exclusifs et à des témoignages inédits, Donatien Lemaitre révèle comment des consultants de McKinsey se seraient mis gratuitement au service d’Emmanuel Macron pour l’aider dans sa conquête de l’Elysée en 2017. »

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McKinsey, c’est une polémique de sous, mais pas que

Ce que rappelle tout d’abord le documentaire, c’est l’affaire McKinsey ayant éclaté en 2022. On apprenait alors les liens entre Emmanuel Macron et le cabinet de conseil, ce depuis le début de sa carrière politique démarrée auprès de Jacques Attali. Par la suite, c’est grâce à McKinsey, au moins en partie, qu’Emmanuel Macron est devenu un président si « communicant ». Une nécessité pour comprendre les liens entre le président de la République et cette entreprise privée. Petit à petit, à l’aide de cadeaux de cette dernière, on a recouru davantage à ses services, et ce, pour un peu tout : marchés publics, ministères, etc.

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Et ça a coûté cher : plusieurs centaines de millions d’euros durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Mais cela ne veut pas dire que tous ces audits sont inutiles : ce serait malhonnête intellectuellement de l’affirmer. Ce qu’on peut dire en revanche, c’est que sur le principe, c’est discutable. Pourquoi demander à des entreprises privées de faire un travail que l’on pourrait faire faire par nos services de la fonction publique ? C’est une question à laquelle répondent trop difficilement les responsables politiques au pouvoir.

Des rapports de McKinsey inutiles, voire contreproductifs

Rapports non traduits, recyclage de données, inspirations dans des pays non démocratiques : les exemples amenés par Cash Investigation ne manquent pas pour montrer l’inutilité de certains rapports de McKinsey aux administrations françaises. En cherchant à améliorer la productivité de ces dernières, les consultants privés l’a en fait… altérée.

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Ce n’est pas assurément une mauvaise chose de vouloir « auditer » nos services publics : c’est même primordial pour être sûrs qu’ils fonctionnent correctement. Mais, il faut aussi leur faire confiance : derrière les chiffres, il y a des personnes, qui travaillent pour tous leurs concitoyens.

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Tenter de manipuler des journalistes, c’est évidemment honteux

Le dernier scandale qui explose autour de cet épisode de Cash Investigation, c’est la tentative de manipulation qu’ont subie les journalistes de la rédaction. C’est en fait Antton Rouget de Mediapart qui a révélé cela il y a deux jours. Il révèle qu’un directeur d’Accenture, un cabinet de conseil qui a l’État pour client, a envoyé un courrier à Cash Investigation. Se faisant passer pour un « agent du ministère des armées », il encourage les journalistes à enquêter sur Onepoint, un cabinet concurrent qui « bénéficierait d’un accès privilégié au marché de la défense grâce à ses relations », écrit Atton Rouget. Une lettre anonyme, non signée.

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Sauf que voilà, il s’est vanté d’avoir créé une opération façon Bureau des légendes, tant et si bien qu’un enregistrement est revenu aux oreilles d’Antton Rouget. De quoi comprendre qu’Accenture aurait tenté de manipuler Cash Investigation pour éviter que ce dernier investigue autour du cabinet de conseil. Si cela est avéré à l’issue de l’enquête, c’est très grave. Cela veut dire qu’en plus de manipuler l’information, les entreprises privées comme celle-ci tentent de manipuler les journalistes directement, quitte à se faire passer pour des agents ministériels. Cela représente une menace pour les journalistes et in fine, pour la qualité de notre information.


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