En chacun de nous, même chez les « bons à rien », il y a du potentiel. Avec La part des anges, Ken Loach met en avant ceux dont on pensait qu’ils ne feraient rien de leur vie. Une revanche sur une société qui ne croit pas en eux.
Synopsis de La part des anges
« A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Henri, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque – une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent… »
La part des anges, c’est quoi ?
Le titre du film de Ken Loach provient de la distillation d’alcool. Cette expression désigne « la partie du volume d’un alcool qui s’évapore pendant son vieillissement en fût. » (Wikipédia), c’est « un processus qui permet au whisky écossais d’atteindre les 40° minimums nécessaires à son appellation. » (Allociné). On comprend rapidement la signification de cette expression dans le film : les « pauvres » et les « délinquants », à qui on prend tout et on ne donne rien, qu’on traite mal, vont prendre leur revanche, leur « part des anges ».
À la manière de Malik dans Un prophète, Robbie ne veut qu’être libre et ôté de tout jugement.
Trouver son talent et l’exploiter
Au début du film, Robbie est sans argent, sans vraiment de toit et sans vraiment de liberté. Il est recherché par sa belle-famille et doit faire un travail d’intérêt général. La société le considère alors comme un « bon à rien », il n’a pas d’avenir et elle lui fait bien comprendre. Mais grâce à Harry (Henri), l’éducateur, il va découvrir le whisky, qui va changer sa vie, alors qu’elle est déjà chamboulée par l’arrivée de son enfant, Luke.
Si, pour lui le whisky n’était qu’une boisson alcoolisée, il va se rendre compte des goûts qu’elle peut avoir. Il va s’en rendre compte plus que les autres « délinquants » qui sont avec lui. Il va alors utiliser ce talent pour voler du whisky précieux pour chercher à le vendre et ainsi gagner de l’argent. De l’argent qu’il souhaite utiliser correctement, pour mener une vie paisible et désormais honnête, comme il l’a promis à son bébé.
La part des anges apparaît alors comme le talent, inné et caché en chacun de nous. Le plus dur est donc de le trouver pour l’utiliser afin d’en faire quelque chose, de faire quelque chose de sa vie. Pour Robbie, c’est son « nez » qui va lui permettre d’échapper à cette vie au destin malheureux. La part des anges est faible, petite et s’évapore au fur et à mesure ; il ne faut pas la laisser s’en aller.
Une revanche sur la société
Les « bons à rien » n’en sont peut-être pas : et s’il n’avaient tout simplement pas encore trouvé leur talent ? La société voudrait qu’ils aient un emploi peu payé, qu’ils vivent en banlieue et arrêtent d’enfreindre la loi. Ken Loach propose alors une autre vision de ces « ratés » : des personnes qui peuvent faire de grandes choses, à condition de savoir quoi. La part des anges débute sur une histoire dramatique, mais peu à peu le drame laisse sa place à la comédie avec des scènes drôles, avec ne touche d’humour à l’anglaise, qui détendent l’histoire et permet un dénouement satisfaisant.
Si l’histoire met un peu de temps à se mettre en place et que les dialogues manquent de finesse, La part des anges reste un film qui peut faire sourire et permet d’arérer son esprit avec une comédie d’arnaque qui passe bien.
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