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Babylon : quand Hollywood fait son cinéma pendant trois heures

Babylon est un film de cinéma sur le cinéma : Damien Chazelle y rend hommage en reprenant des histoires qui ont créé Hollywood, des premières formes d’art nées de cette nouvelle technologie à son industrialisation.

Synopsis de Babylon

« Los Angeles des années 1920. Récit d’une ambition démesurée et d’excès les plus fous, BABYLON retrace l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites. »

Allociné

Babylon parle d’art, mais aussi d’industrie

Le film revient aux années 20 à Los Angeles : autant dire que la période n’est pas choisie par hasard. Alors que cela fait plusieurs décennies que le film, en tant que technologie, existe, le cinéma fait son apparition et commence à devenir un art. Mais plus qu’un art, il devient aussi une industrie culturelle.

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Au-delà de la simple question de l’industrialisation du cinéma, il y a aussi celle de l’évolution technologique et des innovations dans ce secteur. Dans les années 20, c’est le son synchronisé qui fait son apparition, au profit du cinéma muet, celui de Chaplin.

Un film entier pour une gigantesque mise en abyme

La mise en abyme de Babylon commence dès les premières minutes du film, à l’aide d’un stratagème très visuel. Certaines scènes se terminent en face d’une trompette, de son trou. De quoi y voir l’objectif d’une caméra, comme si elle nous regardait, comme si elle nous interrogeait sur la scène que l’on vient de voir.

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Avec tout cela, Babylon ne brise pas le quatrième mur, mais presque. Le film va même jusqu’à nous représenter nous, ses spectateurs, en montrant les réactions d’un public dans une salle obscure. Damien Chazelle nous représente, nous intègre en quelque sorte dans son film. Là où il réussit le mieux, c’est sur son sens du rythme, et encore plus dans son contrôle du son, de la musique. Il vient accélérer ou complètement arrêter la musique, les bruits, etc. Ce qui surprend à tous les coups et il arrive à nous couper le souffle.

La vie est une fête, la fête est-elle terminée ?

Babylon a aussi attrait à la question de la mort, ou plutôt de la fin de la vie. Il y est question de la fin de carrière de Jack Conrad, l’un des personnages principaux du film. Mais pour lui, ça signifie aussi la fin de sa vie (au sens propre comme au sens figuré). Pourtant, est-il vraiment mort ? Son visage, sa voix, peuvent toujours être présents à travers ses films, qui pourront être vus encore durant des dizaines, voire des centaines d’années. Cependant, rien n’est réellement éternel. Babylon ne répond explicitement à rien de tout ça, mais pose ces questions.

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Nellie LaRoy le répète plusieurs fois : « la vie est une fête ». Mais au regard du scénario et de l’évolution de ce personnage, on a surtout l’impression que la fête est finie. Le cinéma a changé, ses acteurs et ses travailleurs doivent changer aussi. Fini la débauche, la vulgarité, le « tout est permis ». Le cinéma se gentrifie quelque peu en empruntant au théâtre, autorisé par l’arrivée du son. La fête a d’ailleurs une place importante dans le film : les soirées ressemblent presque à l’enfer sur Terre : des bruits forts de partout, des gens en transe, du sexe, de l’alcool et de la drogue à foison, et surtout la course à ce qui arrivera de plus fou.

Babylon est-il un chef-d’œuvre du cinéma ?

Lorsqu’on ressort de ces trois heures de film, après une fin épileptique et qui nous mettrait presque dans un état de transe, que retenir de Babylon ? Si la réalisation est des plus léchées et subtiles, que les acteurs se donnent réellement dans leurs personnages, tout n’y est peut-être pas. Alors oui, il faut saluer le travail de Brad Pitt qui ne se voit pas à l’écran et c’est sans doute une immense preuve de talent (d’ailleurs, il joue un acteur dans le film, qui fait exactement la même chose, là encore, belle mise en abyme). Il faut aussi reconnaître à Margot Robbie l’investissement dans son personnage, repoussant et attirant à la fois. Mais difficile de comprendre ce que Babylon a à raconter, son interprétation n’est pas assez explicite, mais on n’arrive quand même pas à voir s’il y a des choses à comprendre.

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Bref, il n’y a peut-être rien à comprendre, simplement qu’il s’agit d’un film de nostalgie, sorte d’auto-biographie du réalisateur, qui vient avec la peur du changement, ici montrée par le prisme de l’innovation et le fait qu’aucun acteur ou réalisateur ne soit vraiment éternel. Ce qui est d’ailleurs très surprenant puisque Damien Chazelle n’a que 38 ans : on est loin de Quentin Tarantino et encore plus loin de Clint Eastwood. Quoiqu’il en soit, si vous avez adoré Once Upon A Time… in Hollywood, vous adorerez Babylon : le style est le même !


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