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Bernadette : la Vieille France aussi peut être féministe

Bernadette Chirac, ancienne Première dame, est une femme qui fait un excellent personnage de film, à condition qu’on change quelque peu l’Histoire. Son « biopic » en fait une figure féministe bien sentie dans un monde politique alors rempli d’hommes.

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Synopsis de Bernadette

« Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable. »

Allociné

Une féministe en tailleur Chanel

Ce qui frappe immédiatement avec le film Bernadette, c’est son parti pris, assumé dès le début. Le premier long-métrage de Léa Domenach est une histoire qui s’inspire librement de celle de Bernadette Chirac, ancienne Première dame de France. De quoi se libérer de la lourdeur de la rigueur historique, quitte à parfois encourager les spectateurs à confondre le scénario avec la réalité. De quoi aussi la provoquer, la mettre devant ses contradictions.

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Le parti pris de Bernadette, c’est en fait le féminisme. C’est l’histoire d’une femme « vieille France », née dans la noblesse, mariée à un énarque, qui finalement deviendra Président de la République. Alors, elle est derrière lui, toujours. Même pas en fait : elle ne l’accompagne pas, ce n’est pas son rôle. Tout cela l’amène à « craquer », à s’assumer en tant que femme, au nez et à la barbe de son mari, de la prétendue bienséance et des traditions. Et c’est sans doute tout cela la grande force de Bernadette : dépoussiérer la fonction de Première dame et parler féminisme en usant du politique comme contexte.

Un humour politique (très) référencé

Un contexte politique d’ailleurs très bien utilisé. Alors c’est sûr, c’est plus facile de se moquer d’un certain Jacques Chirac acariâtre et d’un Dominique de Villepin grandiloquent, mais incompétent avec vingt ans de recul, mais ça reste jouissif. Blagues sur le RPR, moqueries à propos de la niaiserie de Chirac, humour potache même. Les dialogues sont très référencés et suffisamment fins pour ne pas être grossiers. Le seul bémol que j’y vois, c’est le fait que toutes ses références ne sont pas accessibles à tous, surtout aux apolitiques et aux plus jeunes. Heureusement, ça n’empêche pas d’en rire. On peut même « s’amuser » à reconnaître des personnalités politiques à travers les acteurs : Nicolas Sarkozy évidemment, mais plus discrètement Xavier Bertrand par exemple.

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C’est aussi l’occasion de retracer l’histoire des années Chirac, celle de deux mandats, de douze années de présidence de la République. L’occasion aussi de rappeler que Chirac, comme tout homme politique, est un communicant, et que la communication est nécessaire pour remporter des élections. Un Jacques Chirac dont on se rend compte qu’il n’est pas si futé que ça, en tout cas dans le film. Et ça tire un fil qu’on connaît : au final, qu’a fait Chirac ? Bernadette rappelle que derrière un homme, il y a une femme, et que ce n’est pas normal.

Bernadette n’est pas une grande comédie, mais fait quand même rire

Alors ne voyons pas le palais de l’Élysée en rose : les ficelles sont grosses et le féminisme est parfois trop appuyé, sans l’être suffisamment subtilement. Certaines blagues sont (très) bien senties, d’autres moins, mais ça ne marche pas à tous les coups ni avec tout le monde, si j’en crois les réactions en salle. Le personnage de Jacques Chirac n’est pas du tout nuancé, contrairement à celui de Bernadette Chodron de Courcel. Si certains éléments de mise en scène sont originaux, comme la chorale gospel ou les plans similaires à des tableaux de la Renaissance, c’est parfois fait pour être fait, sans apporter quelque chose au film.

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Ce qui est frustrant, c’est que le film ne soit pas un vrai biopic. Ce qui l’est d’autant plus, c’est que la proposition ne va pas jusqu’au bout : pourquoi ne pas avoir imaginé un scénario où cette dame se venge de son mari, de sa fille et de toute la classe politique de droite ? Parce qu’à la fin (et on la connaît d’avance), c’est Sarkozy qui s’en sort (et c’est bien regrettable). Au moins, Bernadette nous aura offert une tranche franche de rigolade durant une heure et demie. Si on n’en ressort pas nécessairement grandi, ça aura au moins été l’occasion de passer un bon moment.


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