Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège

« Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège » par John A. Barnes

Fiche de lecture et résumé détaillé de l’article Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège de Joh A. Barnes publié en 1954, l’un des premiers textes à utiliser la notion de « réseau social ».

Ce résumé de Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège a été écrit durant la lecture de cet article dans le cadre d’un cours intitulé Réseaux sociaux, politique et propagande en licence Information Communication.

Le résumé de Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège

« L’article de l’anthropologue britannique John A. Barnes intitulé « Class and Committees in a Norwegian Island Parish » (1954) est généralement considéré comme un des premiers textes, sinon le premier, où la notion de « réseau social » est mobilisée. Barnes, parti à la recherche des formes de la stratification sociale dans une petite île de la côte norvégienne, y « découvre » un enchevêtrement complexe de relations sociales de travail, de parenté et d’amitié, dont il entreprend une ethnographie qui donne quelques-uns de ses fondements les plus importants à l’analyse moderne des réseaux sociaux. Six décennies après sa parution initiale, une expérience inédite de traduction collaborative ouverte permet enfin de le découvrir en français. »

Cairn

Partie 1

Introduction à l’analyse des sociétés

Étudier l’organisation sociale d’une société simple, c’est chercher à comprendre l’ensemble des modes d’interaction entre ses membres. Les différentes formes d’interaction qu’on peut y retrouver ont un rôle de composantes d’un même univers de discours ; elles ont le même statut dans leur analyse. Le but de Barnes est ici de montrer que :

  • Les facteurs externes
  • Les principes d’organisation
  • Les valeurs

Ont tous une influence sur les différentes dimensions de la vie sociale. L’auteur rappelle que ce travail a déjà été mené sur plusieurs sociétés, c’est pourquoi il dit qu’on sait à quoi une société peut ressembler. Mais les sociétés dites « simples » sont les sociétés non-occidentales, Barnes écrit qu’il est plus compliqué d’analyser les sociétés occidentales. Ces « sociétés de masse » sont difficilement analysables : les enquêtes de terrain ne permettent une connaissance que partielles de la vie sociale globale. Il faut alors toutes les relier et croiser les sources.

L’étude de cas d’une paroisse en Norvège

Barnes s’intéresse ici à une paroisse de l’Ouest de la Norvège : Bremnes (la paroisse est définie ici comme une « unité administrative », « regroupant plusieurs points de peuplement ») qui comptait 4 600 habitants environ avec un travail réalisé entre 1952 et 1953. Il s’intéresse à « certains aspects de la vie sociale », « relativement ignorés » et pourtant « assez faciles à appréhender ».

Si quelques études sociologiques ont été réalisées sur le peuple norvégien, on en sait à l’époque très peu sur le « système des classes sociales ». L’auteur va donc étudier « certaines types de relations en face-à-face » ; « la façon dont l’action collective est organisée ».

Les hommes de Bremnes travaillent dans la pêche, l’agriculture, l’industrie et la marine marchande et les femmes sont au foyer. Si l’été les hommes travaillent dans l’agriculture, l’hiver ils ont d’autres activités. L’administration locale est gérée par des « responsables » à temps partiel. Les habitants de Bremnes partagent la culture de la Norvège ainsi que ses systèmes économique, social et administratif ; 95% d’entre eux sont membres de l’Église luthérienne. « Les enfants fréquentent l’école primaire publique » et « Une idée profondément ancrée dans la mentalité norvégienne veut que personne ne doit avoir plus de privilèges que ses semblables ».

Partie 2

Les groupes sociaux à Bremnes

Chaque individu appartient à plusieurs groupes sociaux :

  • Un ménage
  • Un hameau
  • Un canton
  • La paroisse de Bremnes

« L’appartenance à l’un ou l’autre de ces groupes exerce une influence sur ses activités ». Dans Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège Barnes parle ensuite des groupes sociaux qui sont transversaux à ces « cadres territoriaux » décrits :

  • Groupe de travail évangélique
  • Coopérative d’éleveurs

Dans chacune de ces séries de groupes sociaux, « les différents groupes qui la composent sont emboîtés les uns dans les autres » ; par exemple, des associations de pêcheurs peuvent s’associer pour donner des associations plus grandes, sur des territoires plus grands notamment. Cependant :

« Des conflits peuvent survenir du fait des droits et devoirs parfois contradictoires qu’impliquent l’appartenance à des groupes donnés au sein d’une même série, mais également l’appartenance à des séries de groupes différentes. Cela est vrai dans toutes les sociétés »

Comme l’écrit l’auteur, la « répartition territoriale » de la population étudiée est « relativement stable » ; les habitants ne se déplacent que très peu et leurs environnements de travail ne changent pas vraiment. Cela fait que « les relations sociales se perpétuent à travers les âges, ainsi qu’un cadre de référence qui permet aux individus d’entrer en relation les uns avec les autres ».

Deux sphères sociales distinctes

La mer :

  • On pêche
  • Pas de droit de propriété foncière
  • La composition des équipages change
  • Le bateau de pêche est un foyer temporaire, se dégrade rapidement
  • Il n’y a que des hommes
  • Activité industrielle, faite pour gagner de l’argent

La terre :

  • On cultive
  • Droit de propriété foncière
  • Les maisons restent dans le temps
  • Femmes et enfants restent sur la terre
  • Activités domestiques, agricoles et administratives, faite pour dépenser de l’argent

Cela donne « deux sphères sociales distinctes, l’une fluide et l’autre statique ». Barnes ajoute qu’une troisième fait la liaison entre les deux premières.

La guerre de l’industrie de la pêche norvégienne

Dans cette industrie, les progrès technologiques sont continus, cette dernière est concurrentielle. La loyauté est de mise, jusqu’à un certain point. Durant les saisons de pêche, les hommes se font recruter par les plus offrants et les propriétaires cherchent les hommes les plus performants ; les hommes changent donc souvent d’équipage et peuvent embarquer sur des bateaux qui ne viennent pas de la paroisse.

« Il y a donc là quelque chose comme un marché du travail libre. Les hommes postulent pour une place sur un bateau donné du fait des contacts qu’ils ont établis, parce que des amis ou des parents ont déjà servi à bord, ou à cause du succès du bateau lors des campagnes précédentes. »

Les relations sociales y prennent des formes « aussi fixes et stables que dans les activités économiques et sociales à terre ».

Au sein du groupe social de l’industrie de la pêche aux harengs, un individu peut « se mouvoir de façon assez libre pour satisfaire ses intérêts économiques », selon ses amitiés et ses connaissances dans son milieu. Dans cette industrie, on trouve beaucoup de personnes, de valeurs et de fonctions différentes : c’est pourquoi elle est une sphère sociale à part entière, impactée par plusieurs facteurs et « en partie constituée de groupes sociaux durables ».

Les sphères sociales de Bremnes

  • Sphère sociale du territoire
    • Unités administratives
      • Stables
      • Hiérarchisées
    • Proximité physique
    • Activités diverses
      • Culture vivrière
      • Soin des enfants
      • Religion
      • Loisirs
  • Sphère sociale du système industriel
    • Grand nombre d’entités autonomes mais interdépendantes, pas de hiérarchie
      • Bateaux de pêche
      • Coopératives de distribution
      • Fabriques d’huile de hareng
    • Compositions variables dans le temps, pas forcément durables
  • Troisième sphère sociale
    • Liens d’amitié/parenté et d’interconaissance des habitants de Bremnes
    • Éléments non-fixes, des nouveaux liens se forment, d’autres se rompent

La troisième sphère sociale : le réseau

« Les systèmes de parenté indifférenciés ne donnent pas naissance par eux-mêmes à des groupes sociaux durables » ; Barnes donne un exemple : nos cousins ont d’autres cousins. Chaque groupe de parenté engendre d’autres groupes de parenté, indéfiniment. Cela est la même chose avec les groupes d’amis. Barnes parle donc ici de réseau pour désigner cette troisième sphère sociale.

Ce réseau relie les habitants plus ou moins directement, en fonction de leurs relations sociales (amitié, famille, voisinage, etc.) ; il n’ « ni limites externes ni subdivisions marquées ».

Par ailleurs, ces relations sont plus ou moins étroites ; lorsque les « agrégats » d’individus ont des limites définies, on parle alors de groupe. Barnes note alors que la principale différence entre sociétés simples et sociétés de masse est le maillage du réseau social : étroit dans le premier cas, lâche dans le second.

« Ce fait est d’une grande importance pratique pour l’étude des sociétés par les techniques traditionnelles de l’anthropologie sociale, en particulier quand nous essayons de nous familiariser avec un nombre restreint de personnes que nous observons interagir les unes avec les autres en jouant des rôles variés. Dans une société moderne, chaque individu tend à avoir un public différent pour chacun des rôles qu’il endosse. Bremnes, de ce point de vue, est plutôt une société de taille intermédiaire. »

Si dans certaines sociétés, on trouve une « forte hiérarchisation sociale », à Bremnes les habitants se considèrent plutôt comme égaux socialement.

Partie 3

Les classes sociales sous forme de réseau social à Bremnes

Selon Barnes, cette organisation sociale sous forme de classe ressemble davantage à un réseau à Bremnes. Pour lui, on utilise le terme de « classes » car il englobe plusieurs significations ; l’auteur pointe ici du doigt une confusion autour de ce terme et du fait que nous ne distinguons par les différents usages dudit terme.

Il rapproche le réseau aux classes étudiées « via l’appartenance » à des « cliques » car ces dernières peuvent se recouvrir partiellement, alors que les classes ont des limites précises. Barnes envisage alors le concept de réseau comme un outil d’analyse des classe sociales : « Dans l’optique de cet article, je considérerai néanmoins les classes sociales seulement comme des réseaux de relations entre des paires d’individus qui s’accordent mutuellement des statuts sociaux à peu près équivalents. ». Il appuie sa vision exprimée dans Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège par le fait qu’à Bremnes, on ne trouve pas vraiment de « stratification de la population en classes sociales distinctes et hiérarchisées ».

Cependant, les classes sociales, restent présentes, ce qui fait que « seuls ceux (les individus) qui sont en relation directe les uns avec les autres se considèrent comme à peu près égaux ». Les différences « s’accumulent à mesure que l’on s’éloigne » dans les relations entre individus. Un individu divise le réseau qu’il connaît en trois zones :

  • Zone 1 : tous les individus qu’il considère comme socialement égaux à lui
  • Zone 2 : tous les individus qu’il considère comme socialement supérieurs à lui
  • Zone 3 : tous les individus qu’il considère comme socialement inférieurs à lui

A chaque fois que l’on prend un point de vue différent, la composition de ces zones change. Attention : ces zones ne supposent pas que la société soit divisée en trois groupes distincts.

La vision et le positionnement des habitants de Bremnes sur les classes sociales

Si entre eux, les habitants de Bremnes et plus largement les Norvégiens se traitent d’égal à égal, ils conscientisent les différences de statuts sociaux et véhiculent des stéréotypes sur les classes sociales. Barnes écrit dans Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège qu’ils ont une « conception ego-centrée d’un système en trois classes », où ils se situent tous dans la classe moyenne ; pour lui c’est une « catégorie mentale ». A Bremnes la situation est plus simple : « la plupart des gens pensent que tous les autres habitants de la paroisse appartiennent à la même classe qu’eux ». Ceux qu’ils définissent comme « supérieurs » et « inférieurs » socialement habitent en dehors de la paroisse. A l’intérieur de cette dernière, « l’hétérogénéité sociale reste modérée ». Cela est en partie du au fait qu’ »il n’est pas convenable de montrer ouvertement que l’on se considère soi-même comme supérieur aux autres ».

Les différences de classes sociales se creusent

Barnes dit cependant que cette hétérogénéité sociale augmentera dans le temps ; les plus aisés paient une éducation plus chère à leurs enfants, ces derniers font des études plus longues. Ceci fait que ces jeunes quittent la paroisse et entrent « en contact avec des idées et des valeurs différentes de celles qu’ils ont connues chez eux ». Les compétences qu’ils acquièrent les rendent différents de la majorité des habitants de Bremnes.

Cette stratification est ralentie par d’autres processus sociaux. Il ya notamment la pression fiscal et la difficulté à accumuler un capital. Les héritages sont également difficiles : un héritier ne peut avoir au maximum qu’un tiers des biens légués. De plus, la Norvège est une société de familles nombreuses : les héritages sont facilement dispersés. Aussi, c’est souvent « celui qui a déjà plus recevra moins ». L’éducation est contrebalancée par les bourses, les prêts institutionnels. Selon Barnes, « ces facteurs retardent le développement rapide de fortes différences sociales, même si la tendance semble aller dans ce sens ».

Le réseau de classe

Branes définit le « réseau de classe » comme « une des manifestations du systèmes de classes sociales », « ces liens de quasi-égalité ».

« Bien que chaque lien de ce réseau de classe repose sur ce principe de quasi-égalité, chacun au sein du réseau ne considère pas tous les autres comme étant ses égaux […] Le réseau de classe est le support de nombreuses activités sociales, qui peuvent relever de l’entraide, ou des loisirs. Les liens de classe, mais aussi les liens entre des personnes de statuts sociaux différents, sont utilisés par les hommes à des fins variées »

Partie 4

L’autorité et le consensus dans la vie sociale de Bremnes

Barnes étudie ici les activités de coopération à Bremnes, qui selon lui, peu importe les liens sociaux, nécessite autorité et consensus. Les réseaux n’ont pas de chef, pas de centre et pas de frontières. Dans la paroisse, les « activités sociales typiques d’un système de classes y sont menées de la même manière que dans une société plus inégalitaire ». Les activités sont réalisées sur un « principe d’égalité statuaire » approximatif.

Dans le cadre de la pêche, c’est un peu différent : les « fonctions sont différenciées » et une hiérarchie se met en place. Durant cette activité, les hommes ne sont plus vraiment égaux et ils ont des relations définies. « Les groupes d’hommes […] développent et perpétuent d’autres modes d’interaction, qui modifient les configurations du réseau de classe ». L’auteur reprend Homans : « il y a ainsi d’un côté un système externe, organisé selon une hiérarchie précise, et de l’autre côté un système interne, qui est le réseau d’amitié et d’interconnaissance ».

En dehors de cette sphère, les décisions et la répartition des responsabilités ont une place moins importante. Alors le consensus est davantage valorisé (par rapport à des décisions rapides). Cependant dans les groupes (associations, institutions) en dehors de cette sphère industrielle, on trouve des hiérarchies et des organisations. Elles prennent des décisions par le vote à la majorité des suffrages exprimés.

La place et l’intérêt du vote

Barnes écrit que le « maintien des relations sociales existantes » est plus important pour les individus (qui travaillent ensemble) que leurs « intérêts contradictoires » qu’ils ont tous : « Les buts individuels doivent être atteints par des processus approuvés socialement, et autant que faire se peut, l’illusion doit être maintenue que chaque individu agit seulement pour servir les intérêts de la communauté ». Il critique cependant le vote, ayant une vision trop manichéenne des opinions/intérêts portés à une question donnée. Aussi, cette « appartenance à une collectivité suppose d’accepter une part de la responsabilité collective, et donc une part dans la décision d’agir de telle ou telle façon » ; ce qui fait que selon Barnes, « dans ces conditions, le vote n’est pas une procédure souhaitable ».

Par ailleurs, dans cette mentalité norvégienne de l’égalité, l’auteur de Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège relève une certaine prudence des individus dans les débats. Tous comprennent les avis de leurs semblables puis se mettent à expliquer leur point de vue, dans l’optique d’obtenir des soutiens. Selon Barnes, c’est un « processus reconnaissable, qui ne se produit que dans certains contextes sociaux spécifiques ». La seule fois où les votes sont secrets, c’est lors des élections de responsables, d’élus dans des conseils. La valeur relative des membres de la communauté » n’est pas discutée, pour deux raisons :

  • Ces élections permettent des décisions rapides et nécessaires pour le bon fonctionnement de ces organisations
  • Difficulté à remettre en cause les « mérites et faiblesses » des autres en leur présence, cela risque de « menacer l’apparente concorde générale »

Les associations, même organisées hiérarchiquement, ne sont pas fondées sur l’autorité. Les relations sociales sont maintenues « par la recherche d’un accord apparent sur toutes les décisions ».

Partie 5

Pourquoi la paroisse de Bremnes n’est pas une société primitive

Bremnes n’est pas une société primitive : les responsables d’activités n’ont pas un pouvoir global. Branes parle ici d’un « gouvernement des conseils » : une « multitude de petits groupes organisés avec des appartenances qui se recouvrent partiellement ». De plus, les habitants ont déjà tous des liens de parenté/amitié entre eux. Cela fait que les présidents des associations « détiennent formellement le pouvoir », mais que pour une durée déterminée, même s’ils sont très souvent réélus. Aucun homme de la paroisse n’est considéré comme représentant de Bremnes ; personne ne peut « prétendre faire le lien entre la paroisse et le reste de la société ». En fait, Bremnes est une « unité à la fois administrative et religieuse ».

Barnes explique que « si le processus de spécialisation des activités » n’a pas été poussé au plus loin, il estime que la paroisse qu’il étudie n’est pas une société simple : « Les gens y effectuent leurs activités au sein d’organisations qui ne sont pas coordonnées entre elles. Voisins, parents, collègues, membres d’associations tendent de plus en plus à se différencier les uns des autres ».

Il conclut la cinquième partie de son analyse en écrivant que « les relations les plus valorisées restent celles qui se tissent au sein de l’univers mouvant des relations sociales qui se nouent entre des individus plus ou moins égaux ».

Partie 6

Si dans son étude, Barnes ne parle que de la paroisse et des liens entre les individus de celle-ci, la montrant presque comme totalement isolé du reste de la Norvège, il souhaite examiner sa situation par rapport aux autres sociétés similaires. Il veut montrer « Bremnes comme un exemple d’un type particulier de société ».

L’Histoire de la Norvège et les conséquences de son indépendance

Il fait alors un résumé de l’Histoire de la Norvège, notamment du côté du mode de prise de décisions pour le peuple, de son fonctionnement administratif mais aussi du commerce et de la paysannerie.

« Quoi qu’il en soit, en l’espace d’à peine une génération, la paysannerie a commencé à jouer un rôle prépondérant. L’ancien système de stratification des paysans a disparu. Le statut des fonctionnaires ruraux a décliné, et l’économie rurale s’est davantage diversifiée. »

Il compare le passé colonial de la Norvège à celui d’autres sociétés. Il raconte brièvement le « processus par lequel une nouvelle élite se forme, qui prend la place de l’ancienne classe gouvernante coloniale » et des conséquences sociales que cela engendre notamment sur les environnements urbains.

« La libération renouvelle le personnel des conseils d’administration et des ministères, mais ce sont toujours les mêmes personnes qui travaillent dans les champs. La fin du gouvernement colonial doit nécessairement être accompagnée de changements au cœur de la structure politique de la nouvelle nation, mais ses effets à la campagne peuvent être limités, par exemple, au remplacement de l’administrateur local blanc par un nouvel administrateur noir. Du point de vue de la société rurale, donc, les changements liés à l’indépendance politique sont un événement externe au système. »

Barnes écrit que lorsqu’un pays devient indépendant, les changements politiques dans les zones rurales sont légers voire absents. Il relie le fait que Bremnes ne soit pas totalement rurale (grâce à son activité industrielle) et donc que l’indépendance de la Norvège a été un « facteur de développement important ».

Les conséquences de l’indépendance de la Norvège sur Bremnes

Pour Barnes, ce changement d’élite gouvernante a permis aux paysans originaires de la paroisse qu’il a étudiée à avoir progressivement des « postes clés du gouvernement et de la vie locale ». Il ajoute que peu importe la situation coloniale d’un pays, son industrialisation développe forcément une société de classes.

Il ouvre la voie à d’autres recherches pour conclure son étude Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège :

« Les enseignements que nous pourrions tirer de l’étude d’autres sociétés en voie d’industrialisation, et de celles où de nouvelles élites sont en train d’émerger, pourraient nous éclairer davantage sur la manière dont ces deux processus se renforcent ou au contraire se neutralisent mutuellement. »

Cliquez ici pour accéder au texte dans son intégralité.


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