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« Comment les teen movies filment les adolescentes »

Comment les teen movies filment les adolescentes est un documentaire créé pour YouTube par Zoétrope, qui raconte l’histoire de ce genre cinématographique et l’analyse en profondeur.

Un documentaire à voir absolument, disponible sur YouTube

Zoétrope est une jeune créatrice qui a publié quelques vidéos sur YouTube, dont l’excellent documentaire Comment les teen movies filment les adolescentes, à voir absolument. Ce qui va suivre consiste surtout en un résumé détaillé du documentaire, en reprenant les principales thématiques abordées.

L’apparition des teen movies

Après la Seconde Guerre mondiale, le genre du teen movie se développe car on observe un rajeunissement du public et des changements dans les pratiques culturelles, notamment avec l’arrivée de la télévision.

C’est là qu’arrivent les « teensploitations, » qui d’après CéliaSauvage sont des films pensés pour les adolescents et dans le but de faire un maximum de profit, ce qui laisse à penser que le côté artistique des films est mis de côté.

Le public cible des teen movies

Zoétrope reprend l’analyse d’Alan Betrock (1986) :

  • Un enfant aura envie de regarder ce qu’un adolescent regardera.
  • Un adolescent ne regardera pas ce qu’un enfant regardera.
  • Une fille regardera ce qu’un garçon regardera.
  • Un garçon ne regardera pas ce qu’une fille regardera.

Pour avoir la plus grande audience possible, il faut alors se tourner vers les garçons adolescents.

Cela pose évidemment la question des stéréotypes de genre et la question de la position des femmes dans la société. La plupart des teen movies portent alors sur des personnages principaux masculins ; il n’y a que quelques rares exemples de personnages principaux féminins, la grande partie étant des filles se faisant malmener dans des films d’horreur. Dans ces teen movies souvent, on y voit la quête sexuelle de jeunes hommes voulant séduire les filles de leur âge ; le message caché est qu’il faut faire cela pour devenir un homme.

Les filles adolescentes deviennent une cible d’audience pour les teen movies

Comme l’explique Célia Sauvage dans le documentaire, au début des années 1990 beaucoup de jeunes filles allaient au cinéma voir des comédies romantiques dédiées aux adultes. Le problème qui se posait était celui de l’identification de ces jeunes filles aux femmes que l’on voyait à l’écran.

Le teen movie pour adolescentes devient alors un sous-genre, qui a été nommé par la presse « chick flick ». Au début, ces films ont été très stéréotypés sur les jeunes filles : très féminines, elles ont une chambre rose, tout est rose, etc.

Si longtemps les jeunes filles restent très stéréotypées, chez les garçons cela change. On montre désormais des adolescents « moins populaires, moins beaux et moins hégémoniques », des « contre-modèles masculins ».

Les modèles masculins et féminins

Dans les teen movies, les garçons doivent trouver un groupe solidaire pour se serrer les coudes, car cela leur servirait toute leur vie.

Chez les filles, c’est tout le contraire, et ça s’illustre avec le modèle de la peste. C’est souvent une fille blanche, riche, incarnant un modèle de beauté. Cela montre que les filles ne sont pas en-dessous des garçons. Cependant, pour avoir une place dans un « chick flick », il faut aussi être une peste : être violente et dominante, comme le modèle masculin. Cependant cela empêche la compassion et la morale de la part de ces personnages ; un pouvoir possible, mais sans concessions.

Le relooking de l’outsider

Pour continuer son documentaire, Zoétrope reprend les scénarios où l’on a un relooking d’une adolescente peu populaire et peu attrayante pour les autres est transformée en modèle de beauté, souvent par la peste.

Zoétrope note que ce n’est pas cette « oustider » qui décide de cette transformation, une forme de pression sociale. En fait, ce relooking change l’identité initiale de cette fille, en « l’embellissant » selon les codes que toutes les autres suivent ; ce n’est pas une beauté individuelle.

Chez les garçons, c’est l’inverse, c’est l’ »outsider » qui décide de changer son physique, enlevant ses lunettes et mettant un manteau en cuir pour séduire la fille qu’il aime. Il change pour ressembler au modèle dominant.

Les films indépendants : les solutions qu’ils apportent, les problèmes qu’ils ne règlent pas

Si les films indépendant décrochent du modèle « conquête sexuelle » notamment avec l’arrivée du sida, en prenant un aspect plus froid, ils ne règlent pas tous les tabous concernant les adolescents. Cécile Sauvage prend l’exemple de la masturbation féminine, jamais mentionnée ou sous-entendue.

Les séries permettent de produire différemment les teen movies

Dans les industries culturelles et plus particulièrement dans les teen movies, les séries ont une carte à jouer. En effet, il n’y a pas de comité de censure, pas de projection test contrairement aux films.

Elles peuvent sortir aujourd’hui quelques épisodes pilotes, voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas pour réadapter le contenu. C’est ce que fait beaucoup Netflix et ça fonctionne : les personnages sont plus diversifiés qu’auparavant, les thématiques abordées sont plus larges et plus inclusives. Seul le public juge, pas les investisseurs privés et à l’industrie en général, ce qui fait qu’elles sont plus libres et moins dépendantes.

Les teen movies en dehors des États-Unis

En France, une grande partie des teen movies se consacre aux conflits de génération, aux adolescents contre l’autorité, car ils naissent peu après mai 68. Cela les rend plus familiaux puisque les parents sont présents dans ces films, ils y ont une place importante.

On peut prendre aussi l’exemple de Mustang, un film truc qui se penche sur le regard de la société sur les jeunes filles ; les adolescentes sont prisonnières de cette vision.

La question du regard sur les femmes

Si quelques teen movies récents tendent à poser la question et la traiter en profondeur, beaucoup ne le font pas encore. Ils restent dans le schéma : « des hommes qui regardent des femmes ». Cécile Sauvage parle ici de « dispositif voyeur », dans lequel les spectateurs en font partie.

La difficulté est la solution à comment on regarde ceci, comment on peut l’adapter. Les teen movies doivent relever le défi de montrer le regard des filles, d’un point de vue subjectif. Il faudrait montrer qu’elle ne pensent pas forcément comme les garçons. C’est ce que font quelques productions, souvent réalisées par des personnes qui sortent du lot : des femmes, des ethnies non-caucasiennes, des personnes d’orientation sexuelle en dehors de l’hétérosexualité. Certaines grandes productions le font déjà, mais surtout symboliquement, pour montrer qu’elles ouvrent leur esprit ; il manque encore de personnages centraux différents.


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