Site icon Ce que je pense

Love Lies Bleeding : histoire d’amour, histoire de sang

Love Lies Bleeding

L’amour et les mensonges saignent et font saigner : c’est la thèse de Love Lies Bleeding (en même temps, c’est dans son titre). Une thèse qui n’a jamais été aussi vraie que dans cette histoire rocambolesque qui maîtrise le rythme du début à la fin. Attention spoilers dans cette critique.

À lire également : Seven, peut-on tuer selon la Bible ?

Synopsis de Love Lies Bleeding

« Lou, gérante solitaire d’une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence. »

Allociné

Une histoire d’amour entre deux femmes, dont l’une est bodybuildeuse

Il y a deux sous-thématiques dans Love Lives Bleeding, qui sont en fait traitées avec simplicité. Tout d’abord, la question de l’homosexualité, et pour Jackie, de la bisexualité. En fait, ce n’est presque pas une question : certes, la société dans laquelle elles vivent ne voient pas ces sexualités d’un bon œil, ou pas d’un œil du tout, préférant en détourner le regard. D’ailleurs, le nom complet de Lou, c’est Louise : un film qui parle de deux femmes qui tombent amoureuses l’une de l’autre, qui finissent par s’enfuir en voiture à travers les États-Unis après avoir semé la pagaille, ça ne vous rappelle rien ? Le parallèle avec Thelma et Louise est facile à faire, pourtant ici il fonctionne bien, pris avec légèreté et probablement plus un hommage qu’une reprise. L’autre sous-thématique, c’est la passion pour le bodybuilding de Jackie (à ne pas confondre avec la femme de Kennedy) : elle est vue comme exotique, quelque chose qui sort du lot puisque c’est une femme qui le pratique.

Mais tout ceci n’était qu’un piège qui s’est refermé sur nous, les spectateurs. Un piège tendu par Rose Glass et Weronika Tofilska pour nous emmener ailleurs, dans quelque chose de vraiment plus cru, plus sarcastique, voire plus trash. Et c’est là que le thriller démarre.

Une histoire de sang avec deux femmes, mais pas que

Comme le chante Leslie Medin dans L’or et le fer, Lou et Jackie croisent l’or et le fer. L’or de l’amour, le fer des armes à feu, bien qu’elles détestent cela. Au fur et à mesure de l’histoire, et grâce/à cause de la révolte féministe de Lou, le couple va être amené à tuer, et pas qu’une personne. Un cercle vicieux s’installe, avec des erreurs commises par tous les personnages, dans une ambiance morbide, mais presque risible tant c’est absurde. De quoi me rappeler les apparitions de la loi de Murphy dans The Last Man on Earth, une série que je vous recommande vivement !

Ne dit-on pas que le sang a le goût du fer ? Parce que le fer nous mène au sang, et pas qu’au meurtre. C’est là l’un des uniques intérêts de la photographie de Love Lies Bleeding : le rouge. Certaines scènes, très courtes, sont éclairées avec du rouge, se passent dans la tête de Lou principalement. Mais lorsqu’elle vient à paniquer, le rouge s’invite dans la réalité, par exemple avec l’éclairage d’un distributeur de Coca-Cola. Autres effets de mise en scène : des effets spéciaux sur les muscles de Jackie, pour montrer sa prise de stéroïdes, jusqu’à l’euphorie, jusqu’à l’extrême, jusqu’à ce qu’elle devienne littéralement géante, telle une Gulliver bodybuildée. Des effets spéciaux qui montrent en fait la vision fourvoyée des personnages (principalement de Lou et de Jackie) qui arrivent à chaque fois pile au bon moment et qui sont bien amenés.

À lire également : American Psycho : peut-on réellement tuer juste par plaisir ?

Love Lies Bleeding : la maîtrise du rythme

C’est vraiment le rythme qu’a réussi à tenir Rose Glass dans son cinéma qui surprend tout au long du film. Elle passe d’une romance assez classique, presque façon teen movie, à un thriller bien sarcastique, fait de rebondissements en tous genres. C’est le passe-passe entre les deux qui marque et on est à chaque fois surpris par les changements, qui sont presque brutaux.

Love Lies Bleeding – USA – 1h44 – sortie 12/06/24 – 2024 – Réalisatrice et scénariste : Rose Glass – LEGENDE PHOTO : Katy O’Brian et Kristen Stewart –

Au final, Love Lies Bleeding est un bon film, pas trop long (et c’est une chose appréciable en ce moment), pas prise de tête (quoique, vous savez si vous avez vu le film) et bien réalisé. Le mélange entre histoire d’amour et histoire de sang fonctionne bien avec l’or du cœur, le fer du sang.

Quitter la version mobile