Un petit cinéma indépendant, un dimanche soir, mais une salle pleine à craquer de Françaises et Français venus assister à la « chute » de leur ancien président Nicolas Sarkozy. C’est ma séance du documentaire Personne n’y comprend rien réalisé par Yannick Kergoat, avec le travail de Fabrice Arfi et Michaël Hajdenberg. Un documentaire d’utilité publique et qui se bat contre la désinformation, à sa manière.

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Le synopsis de Personne n’y comprend rien

« Une démocratie et une dictature. Une campagne présidentielle et de l’argent noir. Une guerre et des morts. » Personne n’y comprend rien « , se rassure Nicolas Sarkozy au sujet de ses liens avec le colonel Kadhafi. Alors que s’ouvre le procès de l’affaire des financements libyens, voici le film qui va enfin vous permettre de tout comprendre à l’un des scandales les plus retentissants de la Ve République. »

Les faits, les faits, rien que les faits : Personne n’y comprend rien a tout compris

Alors que le procès Sarkozy-Kadhafi s’est ouvert en ce début d’année, Yannick Kergoat et ses camarades ont saisi l’opportunité pour produire un documentaire politique qui revienne sur l’affaire de financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Une production essentielle à l’heure où l’ancien président de la République va être jugé.

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Tout en conservant le précieux secret des sources, les deux journalistes, accompagnés d’une voix-off, retracent l’histoire de cette folle affaire de financement illégal de campagne. Ils expliquent assez bien qui sont Ziad Takieddine, Alexandre Djouhri ou encore Béchir Salah. On comprend pourquoi les financements se seraient déroulés comme tels, comment est-ce qu’ils ont pu avoir lieu au nez et à la barbe des services secrets et de la diplomatie française.

Le tout au long d’une frise chronologique déroulée, par trop malmenée par des va-et-viens pour détailler un aspect de l’affaire. On comprend assez bien que l’argent est supposé avoir été obtenu illégalement. Ce qu’on comprend moins en revanche, c’est peut-être comment est-ce qu’il a pu être utilisé par la suite pour la campagne.

Nicolas Sarkozy entretient le flou pour toujours s’en sortir, quitte à mentir

Ce que montre aussi Personne n’y comprend rien, ce sont les déclarations de Nicolas Sarkozy dans les médias. Il s’est toujours refusé à répondre aux questions de Mediapart et est resté flou lors de ses déclarations à d’autres médias. Pour lui, c’est « indigne » de poser la question à un ancien président de la République. Le problème, c’est qu’avec cela, il participe au phénomène des fake news.

Une transmission de fausses informations qui touche aussi la justice. Dans l’affaire des financements lybiens, est mis en cause Ziad Takieddine pour son revirement en novembre 2020. Il déclarait alors à Paris Match et BFM TV : « Je ne peux pas confirmer qu’il n’y a pas eu de financement. Cela a pu être fait par d’autres moyens que par moi, ce qui est certainement le cas ». Sauf qu’on s’est rendu compte que s’il s’était rétracté, c’était en échange d’argent. Impossible de lier Nicolas Sarkozy à cela, mais ça fait partie des retournements de situation qui tentent de dédouaner l’ancien homme politique.

Personne n’y comprend rien, rempli une mission d’intérêt public, tout comme Mediapart

Dire que le documentaire est hors de toute idéologie serait assez erroné. En fait, le montage utilise des silences et l’enchaînement de propos entre les journalistes et le camp sarkozyste (et vice-versa) pour provoquer de l’absurde ou du sarcasme. L’effet sur la salle (déjà convaincue) est immédiat. Donc oui, si on aime bien se moquer des politiques proches de l’UMP, on se régale.

Mediapart n’oublie pas sa mission journalistique et rappelle la présomption d’innocence de tous les accusés dans l’affaire. Une mission encore une fois remplie : le journal n’a jamais été inquiété par la justice dans ses révélations sur l’affaire Sarkozy-Kadhafi. C’était d’ailleurs à Mediapart qu’on doit le documentaire Media Crash. Nous sommes peut-être à l’aube d’une victoire de l’information sur la désinformation. C’est pourquoi il faut continuer à soutenir les initiatives comme Mediapart, soutenir l’investigation. Pour ça, vous pouvez aller voir Personne n’y comprend rien, pour tout comprendre.