Le 13 novembre 2015, trois terroristes attaquent le Bataclan où se jouait un concert des Eagles of Death Metal. Tirant dans la foule, ils tuent 90 spectateurs et font plusieurs centaines de blessés. Parmi eux, des personnes traumatisées à vie. Comment se reconstruire après avoir vécu cette horreur ? C’est ce que cherche à montrer le film Un an, une nuit.

Synopsis de Un an, une nuit

« Le soir du 13 novembre 2015, Ramón et Céline, un jeune couple, assistent au concert du Bataclan. Ils réchappent à l’attaque terroriste, mais ne parviennent pas à reprendre une vie normale. Tandis que Céline cherche désespérément à oublier cette nuit cauchemardesque, Ramón se repasse inlassablement les événements dans la tête, comme pour trouver un sens à l’horreur. ​ ​Pourtant, ils doivent désormais affronter la même question : comment surmonter l’épreuve et se tourner de nouveau, ensemble, vers la vie ? »

Allociné

Après les attentats : comment reconstruire sa vie ?

Dans ce film franco-espagnol, on suit les vies de Ramón et Céline, dans une histoire adaptée du livre Paz, amor y Death metal de Ramón González, survivant de l’attaque du Bataclan le 13 novembre 2015. Au fil de flashbacks des moments de l’attaque ou de moments antérieurs, Un an, une nuit retrace le parcours du couple.

L’intelligence du long-métrage est de faire le point non pas sur la tuerie en elle-même, mais sur les moments de silence, ceux de tendresse, de solidarité, mais aussi de panique qui la suivent. Qui la suivent non pas les jours d’après, mais les mois après. Peur de tout, crises d’angoisse et difficultés à composer avec l’entourage : les réactions sont nombreuses. Des points de vue différents qui sont exprimés à travers le couple, qui en pâti évidemment.

La scène marquante de Un an, une nuit

À un moment donné, Ramón et Céline se disputent. L’un reprochant à l’autre de ne jamais s’exprimer, et l’autre reprochant à l’un de ne pas le laisser s’exprimer, plusieurs mois après le 13 novembre. Alors, Céline se réfugie dans une autre pièce de leur appartement, derrière une porte avec un verre à moitié poli. Ramón est alors juste derrière et il la voit, floue. Ce que nous montre sans le dire Un an, une nuit, c’est qu’il la déjà perdue et c’est ce qu’il se passe juste après.

Alors, Ramón s’en va et en le voyant de l’autre côté de la porte, il part, comme si on le perdait. Parce que c’est ce qu’il est à cet instant : perdu. Il perd la personne qui le comprend le plus, encore davantage au vu de l’événement traumatisant qu’il a vécu et dont il n’arrive pas à ce « débarrasser ». Une mise en scène que ne peut retransmettre à ce point le livre duquel le film est adapté.

Reconstituer la tuerie du 13 novembre 2015 était une mauvaise idée

Si Un an, une nuit se défend de représenter de manière trop violente l’attaque, il le fait quand même. On entend des tirs, des gens crier, tenter de se réfugier ou sortir de la salle de spectacle. On voit les spectateurs cachés dans les loges ou dans les réserves du Bataclan, certains blessés, attendant la fin : soit la mort, soit l’évacuation. Ce qu’on voit de la salle durant l’attaque, c’est essentiellement la poudre à canon et la vapeur des corps qui retombe : une manière « poétique » de représenter la tuerie.

Mais je ne pense pas que c’était une bonne idée de représenter le 13 novembre 2015. Critiquer le film sur ce point est difficile, tant il se base sur l’expérience même de rescapés de l’événement. Mais je ne sais pas si le principe même était bon à faire. Un an, une nuit aurait peut-être davantage dû se focaliser sur l’après, pourquoi pas en rappelant l’attaque avec de cours flashbacks, mais pas plus. Cela aurait évité de la montrer de manière trop succincte.

Un an, une nuit : un film dur, mais avec de l’espoir

Si la fin est choisie, assumée et sans doute réelle, elle est difficile à comprendre tant elle est expédiée. Ramón et Céline se sont quittés et ne se revoient qu’un an après, pour le concert de commémoration, toujours au Bataclan. Pour créer un effet de « la boucle est bouclée », Un an, une nuit les « remet ensemble », par le biais du concert uniquement. Là encore, difficile de critiquer le film tant on est à mille lieues de ressentir ce que peuvent ressentir des rescapés, mais dans la pratique, c’est probablement fait de manière trop maladroite.

Si Un an, une nuit a des idées de mises en scène originales et qui apportent un plus, elles se sont trop rares. Mais force est de reconnaître le jeu des acteurs dans les discordes, souvent mélangées à de l’alcool. C’est ce qui fait toute la puissance du film, au-delà de l’histoire qu’il raconte. De quoi être facilement bouleversé en sortant de la salle.