Vol au-dessus d’un nid de coucou raconte l’histoire d’un criminel qui se fait passer pour un malade mental afin d’échapper à la prison. Ce qu’il va découvrir dans l’hôpital psychiatrique va le changer à jamais, comme ceux qui l’ont côtoyé.
Synopsis de Vol au-dessus d’un nid de coucou
« Pour échapper à la prison, Randall P. McMurphy se fait volontairement interner dans une clinique psychiatrique. Il y découvre injustice et oppression. »
SensCritique
Le personnage de McMurphy sait haranguer les foules et influencer ses proches
Le personnage de McMurphy est réellement énigmatique. Arrivé de nulle part, il intègre l’hôpital psychiatrique et on se rend compte qu’il n’est pas comme les autres patients : il n’est pas malade. Ce qui crée un grand décalage entre sa personnalité et celle des patients. Quand eux sont calmes, lui est survolté ; quand eux sont consensuels avec les infirmières, lui est révolté ; quand eux acceptent leur condition, lui n’en fait qu’à sa tête. Mais ça tombe bien pour lui, le sourire confiant et les yeux pétillants, il use de son langage et de sa rhétorique pour se mettre les patients dans la poche.
En fait il fait sortir les patients de leur zone de confort qu’est l’hôpital psychiatrique, à l’aide d’une sortie de pêche ou d’un match de baseball. En effet, que ce soit au niveau des loisirs ou de la culture, l’offre est très pauvre dans l’hôpital et surtout toujours la même : des cartes, une télévision rarement allumée, de la musique classique avec plus ou moins toujours le même vinyle et un terrain de basketball.
La remise en cause d’un système autoritaire par la résistance dans Vol au-dessus d’un nid de coucou incarné par Ratched
L’hôpital psychiatrique est un système, un organisation que l’on pourrait qualifier de totalitaire et de manipulatrice. En effet, les patients sont soit internés, soit font le choix d’habiter l’établissement. Chaque jour et chaque soir, ils prennent leurs médicaments, sans vraiment savoir ce que c’est et sans poser de questions. Ils vivent au rythme qu’on leur impose : réveil, repas, sorties (dans un espace grillagé) et coucher. Ils ne sortent pas, ne font pas réellement d’activités mis à part jouer aux cartes, discuter et débattre des problèmes personnels de chacun et faire de l’aqua-thérapie. Par les yeux de McMurphy, on se rend compte qu’ici les patients sont plus maltraités que traités au sein de l’hôpital qui ressemble davantage à une prison. C’est d’ailleurs McMurphy qui va en faire les frais en ne respectant pas les règles ni le personnel ; il sera sanctionné et surtout « battu » par le personnel.
Tout ce système est incarné par une personne : Mildred Ratched. C’est l’infirmière en chef. Toujours propre sur elle, le visage strict et vide d’émotions, qui garde toujours son calme. Elle représente une organisation lisse en apparence et qui n’est pas vraiment agile, surtout avec les troubleurs d’ordre comme McMurphy. S’il ne la voit au début que comme une infirmière, il se rend compte au fur et à mesure à quel point elle est « tyrannique ».
On peut y voir, avec un certain degré de lecture, une référence directe à la situation de la Tchécoslovaquie au temps du Printemps de Prague. C’est là d’où vient Miloš Forman, réalisateur de Vol au-dessus d’un nid de coucou ; à cette période, il a décidé de fuir son pays, résistant au communisme. Avec son film, il aborde la question de l’autoritarisme et de la répression qui en découle. Anne Dessuant disait dans Télérama que le réalisateur tente de répondre à cette question : « A quel moment un individu qui met en cause l’autorité cesse-t-il d’être un héros et devient-il un fou ? Et vice versa, ou les deux à la fois ? ».
Une critique du traitement des patients en psychiatrie
Cependant, Vol au-dessus d’un nid de coucou n’est pas qu’une critique de l’autoritarisme, c’est aussi une critique du traitement des patients en psychiatrie. Le film est une adaptation du roman éponyme de Ken Kesey paru en 1962. Ce dernier a travaillé au Service des Vétérans de l’hôpital de Palo Alto et s’est inspiré de son expérience personnelle pour son roman.
Comme nous l’avons évoqué précédemment, les patients ne sont pas bien traités. Ils sont là et on a l’impression que le personnel a pour corvée de s’en occuper tous les jours, 24 heures sur 24. Les infirmiers et accompagnateurs ne se réjouissent jamais des accomplissements des patients et ne les interrogent pas vraiment sur leurs sentiments ; ils sont comme des mauvaises herbes. Ratched le fait, mais pose des questions très personnelles devant une petite assemblée composée de patients, qui tentent de résoudre les problèmes d’eux-mêmes. Cependant, parler de ces choses dans ces conditions n’est pas forcément bien pour être à l’aise.
Calme et à la fois intense, Vol au-dessus d’un nid de coucou est un film à voir
Si on note quelques moments d’humour amenés la plupart du temps par McMurphy : ce personnage étant en décalage avec les patients les situations font sourire. Des patients qui sont touchants d’honnêteté et d’innocence : ils n’ont pas forcément les « barrières sociales » et ne maîtrisent pas les codes sociaux de la société ; ils sont naturels. Si le rythme de Vol au-dessus d’un nid de coucou est lent, on se fait en fait emporter par l’histoire sans s’en rendre compte. Une histoire triste, mais qui vaut la peine d’être racontée et diffusée.