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« Je n’ai pas besoin de lire les lois pour les voter » : Bardella s’autodétruit en débat devant Attal

Ce jeudi 23 mai avait lieu un débat sur France 2 à propos des prochaines élections européennes. Il opposait la tête de liste du RN Jordan Bardella et le Premier ministre Gabriel Attal. Autant dire que le numéro deux du principal parti d’extrême-droite s’est ridiculisé d’incompétence en autodétruisant sa propre rhétorique.

Un Jordan Bardella qui veut faire le buzz, sans les arguments

Globalement, durant l’heure et demie de débat entre les deux hommes politiques, Jordan Bardella a été bien plus imprécis que son adversaire. Moins de chiffres avancés, davantage de bafouillements : on sent tout de même une impréparation. Ce qui dérange surtout, c’est qu’il ne parle pas du sujet principal du débat, à savoir l’Union européenne. Il parlait principalement de politique française, un terrain qu’il est censé moins connaître que Gabriel Attal. Un terrain surtout risqué face à un Premier ministre, passé par l’Éducation nationale et surtout un ancien député. Que ce soit sur l’Union européenne ou sur la politique nationale, l’envoyé du Rassemblement National n’a pas su convaincre. D’autant plus pour un Jordan Bardella qui ne veut que faire dissoudre l’Assemblée nationale, en souhaitant faire plier le camp macroniste par son succès aux européennes. Le souci, c’est qu’il n’en a pas du tout le pouvoir.

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Et pour faire face à cela, il a tenté d’user de son verbe, en tentant de sortir la petite phrase qui allait rester. « Je suis désolé monsieur Attal, mais… » et autres exemples, pour tenter de déstabiliser le dauphin de Renaissance, sans jamais toucher juste. C’est comme lors de ce fameux débat sur LCI ce 21 mai face à Léon Deffontaines, candidat PCF. Sa ligne d’attaque ? Accuser son adversaire d’être… communiste. Alors monsieur Bardella, permettez-moi de vous rappeler que PCF signifie Parti Communiste Français.

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Et le lapsus (révélateur ?) de la soirée, c’est sans doute lorsque Gabriel Attal le met devant ses propres contradictions, à propos de ses votes sur des propositions de loi au Parlement européen : « je n’ai pas besoin de les lire pour les voter ». On aura vu mieux comme compétence politique. Le fond, c’est un sujet (qui englobe tous les autres) qui paraît compliqué pour un Jordan Bardella perdu dans son opportunisme politique, au grand dam de ses idées. Et pour en savoir plus sur sa stratégie politique et de communication, son portrait édifié par Complément d’enquête est très révélateur.

Jordan Bardella se fait éliminer par un Gabriel Attal qui ne fait que montrer les incohérences de sa politique

La première partie du débat portait sur l’économie, avec en tête de proue l’industrie, notamment automobile. La hantise de Jordan Bardella, c’est l’arrivée des véhicules électriques chinois et il souhaite remonter les droits de douanes dessus. Le problème, c’est qu’avant lui est passé le Gouvernement, qui a supprimé les aides pour les consommateurs français, seulement sur les modèles fabriqués en dehors de l’Union. Il s’est même permis de remettre en cause l’intérêt de l’automobile électrique parce que « je crois en la science », ce qui est un total déni scientifique, les membres du GIEC s’en arrachent probablement les cheveux (bien que l’automobile électrique ne soit pas la réponse idéale au défi climatique). Bardella ne veut pas non plus de dépendance à l’électricité, ce qui est louable. Réponse de Gabriel Attal : on ne vit pas dans un pays qui produit du pétrole. Avec cela, il montre simplement que Bardella est dans une contradiction sur la dépendance énergétique.

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La ligne de défense de Gabriel Attal était en fait très simple et il n’a fait qu’adopter la même stratégie d’Emmanuel Macron lors de son débat du second tour des présidentielles face à Marine Le Pen en 2022 (qui avait d’ailleurs boudé l’écologie) : mettre le Rassemblement Nationale devant ses propres paradoxes. Des paradoxes qui ne sont pas que sur l’idéologie, mais aussi sur les votes : à de nombreuses reprises, le RN vote contre ses idées, signe d’un grand manque de cohérence politique et de projet d’avenir. Ce y compris sur des sujets qui lui sont chers (ou psychotiques), l’immigration principalement. Le Premier ministre sait qu’il a gagné ce débat : il a esquissé à plusieurs reprises des petits sourires en réaction à son adversaire, ce que Bardella a beaucoup moins fait, pliant sous la pression. En réalité, Gabriel Attal n’a pas été si brillant que ça lui non plus : lui aussi s’est piégé, parfois lui-même, souvent à cause d’un Emmanuel Macron présent depuis trop longtemps et qui a fait trop d’erreurs, y compris communicationnelle. Notre cher Clément Viktorovitch a de quoi vouloir arrêter sa carrière en regardant les deux hommes s’affronter comme cela.

L’erreur de France 2 : pourquoi Gabriel Attal ? Pourquoi le duel Macron – Le Pen ?

L’autre problème de cette « grande soirée », c’est le dispositif mis en place par France 2, et qui a brillamment été dénoncé par François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains. Pourquoi opposer Jordan Bardella à Gabriel Attal ? Pourquoi ne pas avoir placé Valérie Hayer, tête de liste Renaissance ? Cela aurait été bien plus approprié. Si l’on regarde les sondages, il aurait également fallu ajouter les têtes de liste du PS et de LFI : France 2 a mis un coup de couteau au pluralisme. Au-delà de ça, c’est jouer le jeu du Rassemblement National et de Renaissance que de les opposer : l’un parie sur la défaite de l’autre et non sur sa victoire pour l’emporter aux prochaines élections. Pourtant, le but par exemple de Philippe Poutou aux dernières présidentielles n’était pas de gagner, mais de balancer leurs quatre vérités aux politiques candidats, lors d’un débat. Ce dont on l’avait injustement privé, comme à nombre d’autres candidats, au profit de débats plus resserrés.

Alors oui, France 2 prévoit une autre soirée de débat le 4 juin prochain, mais c’est une faute journalistique professionnelle de la rédaction. On sent d’ailleurs très bien le malaise de Caroline Roux, la journaliste-présentatrice, qui tente de détourner l’attention des téléspectateurs. C’est une faute pour un service public audiovisuel qui nous est cher, qui est en ce moment même en danger avec un projet de fusion complètement hasardeux entre France Télévisions, Radio France et France Médias Monde. Le tout alors que l’information est de plus en plus possédée par des milliardaires.


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