cold war

Cold War : je t’aime, moi non plus

Cold War, réalisé par Pawel Pawlikowski, est un film qui raconte une histoire d’amour impossible entre deux artistes musicaux durant la Guerre Froide, entre Pologne et Paris.

Synopsis de Cold War

Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

Techniquement irréprochable, Pawel Pawlikovski montre son talent

Pawel Pawlikovski, réalisateur polonais, a impressionné avec son film Ida, et répète son exploit dans Cold War. On retrouve donc là le format 1 .33 avec un noir et blanc (Citizen Kane aussi est en noir et blanc). Un noir et blanc très profond et qui s’il est répété, a réellement un sens. En effet, dans le film, beaucoup de personnages, d’environnements, d’objets et de vêtements sont ternes, grisonnants, le réalisateur a voulu montrer la Pologne comme elle l’était durant la Guerre Froide : grise, terne. On pourrait aussi faire un parallèle entre l’utilisation du noir et blanc et les touches d’un piano, de la même couleur.

La photographie est excellente, les symétries et les plans de loin oppressants et des plans de coupe assez (trop ?) contemplatifs. Par ailleurs, certains reflets nous font un effet étrange dans le cerveau, nous retournent la tête. Durant une scène, des personnages sont sur le côté d’une fête n’y participent pas. Pour le montrer, Pawel Pawlikowski les a mis dos à un miroir, sur lequel on voit la foule faire la fête.

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Une histoire d’amour à moitié vraie

Pour continuer sur le réalisateur, Cold War est dédié aux parents de Pawel Pawlikowski, dont il a voulu raconter une partie de la vie. Ils ont vécu ensemble pendant une quarantaine d’années, étant ensemble parfois, séparées durant d’autres temps, durant la Guerre Froide, chacun d’un côté du mur de Berlin. Les personnages sont cependant différents, mais c’est une excuse pour le réalisateur de parler de ses parents, de leur rendre hommage.

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Un contexte historique où le communisme oppresse

A plusieurs moments dans le film, on sent l’oppression émise par le régime communiste en place en Pologne. Tout doit être en accord avec les valeurs du communisme, jusqu’à changer le spectacle rural qui se produit partout en URSS. Il faut contenter les hauts-placés communistes, ne pas faire de vagues et surtout, ne pas tenter de s’échapper et se surveiller les uns les autres. Une oppression non-explicite mais sous-entendue dans la film dans plusieurs scènes, comme une ombre planant au dessus des personnages.

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Une histoire d’amour en je t’aime, moi non plus

Comme les parent de Pawel Pawlikowski, Wiktor et Zula (le diminutif de Zuzanna) sont amoureux, se sont rencontrés en Pologne alors qu’ils montaient un spectacle de chants et danses ruraux. En contexte de Guerre Froide, Wikor s’échappe à Paris une première fois, Zula le rejoint, puis repart. Ils se voient plusieurs fois à plusieurs endroits en Europe, « coincés » parfois par la politique communiste, mais aussi par l’amour. En effet, comment quitter sa patrie, sa famille (même si cette question n’est pas traitée), être sûr que l’on veut vivre pour le restant de ses jours avec l’autre ? Un engagement qui se fait alors en plusieurs étapes et qui vont transformer les personnages, tant dans leur personne que dans leur carrière professionnelle. C’est donc un « je t’aime, moi non plus » qui s’installe ici, une histoire d’amour qui est vécue au fil d’ellipses et de péripéties, entre deux spectacles, entre deux pays, entre deux idéologies, entre deux moments intimes.

Spoiler, attention ! Wiktor, par amour pour Zula, rentrée en Pologne, veut la rejoindre, mais il a perdu sa nationalité. Pour pouvoir la voir, il décide de s’y rendre, mais passe par la prison pour avoir commis plusieurs méfaits. Il risque d’y passer quinze ans. Zula, jouant de ses relations, a réussi à le faire sortir. Cependant, pianiste de renommée qu’il était, ses doigts étaient précieux ; en travaillant à la prison, il a perdu son excellence en la matière, par amour.

Encore un spoiler ! A la toute fin, Zula et Wiktor se marient dans une église en ruines, afin de sceller leur union. Ils la scellent en prenant plusieurs comprimés d’un médicament, comme s’ils scellaient leur sort. Puis, ils sont assis sur un banc ; à un moment, Zula propose d’aller de l’autre côté de la route, pour avoir une meilleure vue. Ils sortent du cadre, c’est la fin. Sont-ils morts à cause de ces médicaments, sont-ils capturés par le régime, sont-ils rentrés à Paris, ou sont-ils simplement allés de l’autre côté de la route ?

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Cold War, un film qui n’est pas accessible à tous

Bien qu’il ait été primé de nombreuses fois, Cold War n’en reste pas moins un film de niche. Par son rythme et son histoire plus que par son format cinématographique et son absence de couleur, il est un film d’auteur, d’un passionné de cinéma qui a créé une oeuvre lentement rapide ; les plans peuvent être longs, l’histoire aussi, mais Cold War est plutôt court pour un long-métrage. Un paradoxe qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, surtout que l’histoire a de quoi être somnolente, avec ces vas-et-viens. On retiendra de Cold War une histoire d’amour mélancolique, aux rebondissements toujours intelligents et à la fin interrogative.


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