Jean Lassalle

Jean Lassalle, martyr de la campagne présidentielle ?

Jean Lassalle a récemment menacé d’arrêter sa campagne après ne pas avoir été invité dans les différents débats entre candidats : une stratégie de martyrisation pour sa communication politique qui permet de le rapprocher des Français.

Une sous-médiatisation de sa parole

Aujourd’hui j’aurai pu revenir sur la grande soirée de lundi dernier sur TF1, qui réunissait presque tous les candidats à l’élection présidentielle. Le problème, c’est que le format n’était pas très intéressant : chaque candidat avait 15 minutes pour présenter son programme durant une interview. Ce n’était pas très intéressant non plus parce que tous les candidats n’étaient pas invités, sans que l’on comprenne pourquoi ou sur quel critère étaient sélectionnés les candidats invités.

Alors je voudrais revenir sur la communication d’un candidat qui justement n’était pas présent lors de cette émission. Il s’agit de Jean Lassalle, qui adopte la stratégie du martyr actuellement.

Un Jean Lassalle cynique

Il y a quelques jours, il a posté sur Twitter un graphique provenant du Monde : il s’agit du temps de parole cumulé des candidats et de leurs soutiens du 1er janvier au 7 mars et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a des disparités. On retrouve Emmanuel Macron, Valérie Pécresse ainsi que Marine Le Pen avec environ 150 heures. Dans le bas du classement, il y a Jean Lassalle à l’avant-dernière place avec seulement huit heures.

Pour accompagner ce graphique, il disait cyniquement : “Je ferais bien un commentaire mais j’ai bientôt épuisé mon temps de parole”. Et ça marche : ce tweet a eu plus de 95 000 likes et plus de 13 000 retweets, ce qui est beaucoup plus qu’habituellement avec lui.

Ce message rentre effectivement dans une véritable stratégie du martyr politique, du candidat boycotté par les médias. Écoutons ce qu’il disait lors de la “Rencontre des libertés locales” qui interrogeait les candidats face aux élus locaux :

Face à un non-décollage dans les sondages et une présence médiatique très restreinte, Jean Lassalle menace d’abandonner sa campagne à l’élection présidentielle. Je ne pense pas que ce soit une sorte de menace pour haranguer ses supporters et ses soutiens mais plutôt une position de martyr, visant à attirer la pitié des électeurs et des médias. Le lendemain, il a annoncé continuer sa campagne malgré tout.

Jean Lassalle : « La France authentique », une cohérence de communication politique

Cette position là est justifiée par sa faible présence médiatique ainsi que dans les différents débats. Je pense d’ailleurs qu’elle entre en cohérence avec le reste de sa campagne : une campagne centrée sur la rencontre avec les Français par un candidat proche du peuple. Cette rencontre elle s’incarne d’ailleurs par son superbe “tour bus” avec un balcon, le tout à son effigie avec notamment son slogan de campagne : “La France authentique”. Une authenticité qu’on entend à travers son accent tonitruant venant tout droit des Pyrénées où il a été maire pendant quarante ans et où il est actuellement député depuis vingt ans.

Cette stratégie d’authenticité, elle fonctionne pour le candidat qu’est Jean Lassalle. Il y a quelques jours l’Ifop et CorioLink ont publié les résultats d’un sondage un peu particulier. Il s’agit en fait du “beer test”, qui consiste à “évaluer le degré de convivialité ou de sympathie ressenti par les citoyens vis-à-vis des candidats à une élection”. Ce sondage positionne Jean Lassalle en tête avec 39% des Français qui souhaiteraient boire une bière avec lui, devant Emmanuel Macron ou encore Marine Le Pen.

Jean Lassalle nous apprend donc que menacer de tuer sa propre campagne pour la faire vivre, ça peut fonctionner.


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Commentaires

Une réponse à “Jean Lassalle, martyr de la campagne présidentielle ?”

  1. Avatar de Géry Despret
    Géry Despret

    Merci pour votre analyse.

    Juste un point: Jean Lassalle ne fait jamais semblant, pas plus lorsqu’il indique qu’il envisage de quitter l’élection que lorsqu’il marche durant 9 mois où jeûne des dizaines de jours (32? 39?).

    Cela a un effet pervers sur sa crédibilité présidentielle car cela permet d’attaquer cette dernière sur au moins deux axes: imprévisibilité et théâtralité. Certes, mais on ne peut pas enlever à cet homme sa capacité à sentir ce qui vit dans le pays, à l’exprimer avec authenticité et à le transformer en un momentum politique puis un héritage positif pour le bien commun: Toyal est toujours en Vallée d’Aspe 16 ans plus tard, entre autres.

    Cette capacité est, pour le coup, très présidentielle.

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