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Priscilla : être avec le King ne signifie pas être traitée comme une reine

Priscilla, c’est l’histoire de Priscilla Presley, ou plutôt Ann Wagner ou Beaulieu finalement. Car oui, l’histoire on la connaît déjà : le couple Presley s’est séparé en 1972. Mais pourquoi ? À cause d’Elvis, comme le raconte Sofia Coppola dans un film du prénom de son personnage principal.

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Synopsis de Priscilla

« Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à 24 ans, est déjà une star mondiale. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main. »

Allociné

Le récit d’une relation amoureuse, mais toxique

Ce qu’a voulu raconter Sofia Coppola, c’est le tableau de Priscilla Beaulieu, dans le livre qu’elle a écrit, Elvis et moi. Lors de leur rencontre, ils ont dix ans d’écart : elle en a 14, lui en a 24. Il faut mettre un mot dessus : c’est une forme de pédophilie. Et au-delà de la différence d’âge, c’est leur différence de maturité qui est malsaine. Elle n’est pas encore au lycée que lui est sorti de l’adolescence depuis déjà quelques années. Elle n’est qu’une collégienne « banale » alors que lui est déjà une star de la musique. Et c’est cette relation inégale qui est mauvaise. Ce qui ne semble pas tant choquer que ça dans le film et on l’imagine, en 1959.

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Et c’est là que Priscilla dévoile toute sa complexité. La jeune fille est sans doute manipulée, la faute à un Elvis montré comme charismatique, « la belle gueule » et la faute à sa naturelle immaturité. Pourtant, elle en est folle amoureuse, et lui aussi, sûrement au moins un peu. Il y a des moments de pur bonheur dans le film, qui ne sont pas cachés. Ils s’embrassent, se caressent, vives des moments de fête, tous les deux.

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Mais il y a aussi (et surtout) des moments où Elvis dérape, durant lesquels il se comporte mal, de manière toxique. Il veut tout contrôler de la vie de sa femme : sa manière de s’habiller, de se coiffer, d’être, sa carrière professionnelle (ou plutôt sa non-carrière). Et là où Priscilla se montre d’autant plus complexe, c’est qu’il alterne entre ces deux types de scènes de manière assez insidieuse, pour montrer la toxicité (encore ce terme) de la relation, qui s’installe au fur et à mesure, et surtout de manière de plus en plus intense.

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L’image du film : Priscilla piégée dans le château doré du Roi

Si le film n’était que ça, il ne serait pas intéressant. Mais il a d’autres surprises, et c’est au niveau de la photographie que cela se situe. Même si à plusieurs moments, les scènes sont assez (trop ?) sombres. À plusieurs reprises, le biopic joue avec la lumière et les couleurs, pour montrer une opposition. La maison d’Elvis à Memphis est souvent montrée assez ensoleillée, avec un éclairage doux, sans forcément de bruits agressifs. Là, Priscilla est seule et peut être elle-même, le monde est serein.

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À l’inverse, il y a des moments où elle est avec son mari et là, tout change. La lumière diminue beaucoup, et surtout, elle devient rouge. Une sorte de métaphore de l’enfer dans lequel elle se trouve avec son mariage. Dans ces moments-là, Elvis est mauvais pour elle.

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Autres scènes qui méritent un intérêt pour leur photographie : les moments où Priscilla est seule dans le salon de la maison de Memphis. Tout est doré, les rideaux sont bleus, tout est bien rangé et elle est là, au milieu de cette grande pièce. Ce qui ajoute un sens lourd, c’est ce qu’elle porte : soit du beige, comme la moquette, le papier peint ou le canapé, soit du bleu, comme les rideaux. C’est comme si elle se fondait littéralement dans le décor, comme si elle était partie intégrante de la maison. Ce qui renvoie à ce que fait Elvis avec elle : il la déshumanise, l’emprisonne. Et là, on touche à quelque chose de fort.

Priscilla : bon ou mauvais biopic ?

La facilité aurait été de montrer davantage la carrière d’Elvis Presley, mais non. On ne le voit qu’une fois chanter lui-même, une unique fois dans un concert et jamais sur un plateau de tournage ou à un moment de répétition. Sa carrière est bien sûr une partie du fond de l’histoire, un fil rouge qui ne peut être coupé, mais c’est tout. Là, on se concentre sur Priscilla et sur son point de vue. Le scénario se tient, les performances des comédiens aussi (en très grande majorité de Cailee Spaeny et Jacob Elordi évidemment, qui a d’ailleurs joué dans des teen movies). Mais la photographie de Sophia Coppola et de Philippe Le Sourd (directeur de la photographie) fonctionne bien, comme elle avait fonctionné pour Virgin Suicides. Finalement, Elvis Presley et Trip Fontaine ont peut-être quelques points en commun.


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